Stérilisation du chien : pour ou contre ?

Stériliser son chien ou sa chienne est souvent perçu, comme un acte banal, presque automatique dès que l’on adopte un animal. Et pourtant, derrière ce geste vétérinaire chirurgical se cachent des enjeux importants pour la santé de votre chien ainsi que pour votre quotidien. Ces dernières années, de très nombreuses études sur le sujet tendent à prouver que la stérilisation ne doit plus être systématique, mais nécessite d’être étudiée au cas par cas. 

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Une stérilisation trop précoce, avant la fin de la croissance, serait en partie responsable de nombreux problèmes de santé. 

Pourquoi faire stériliser son chien ?

Votre vétérinaire a peut-être déjà évoqué avec vous, la stérilisation potentielle de votre animal. En effet, en France, on estime que 32 % des chiens mâles et 53 % des chiennes sont stérilisés ( FACCO. Enquête KANTAR/FACCO. La population animale 2018). Des chiffres qui peuvent, notamment, s’expliquer par un certain nombre de bénéfices qu’apporte la stérilisation. 

Les bénéfices pour une chienne

Chez la femelle, la stérilisation peut être pratiquée par ovariectomie (ablation des ovaires) ou ovario-hystérectomie (ablation des ovaires et de l’utérus). La chienne est placée sous anesthésie générale, mais, contrairement aux mâles, une incision au niveau du ventre est nécessaire pour accéder aux organes génitaux. Les ovaires, et parfois aussi l’utérus, sont retirés. Ensuite, la production d’hormones (œstrogènes et progestérones) cesse presque totalement.

Par la suite, les bénéfices sont :

  • La suppression des chaleurs, donc plus de pertes sanguines ni d’attirance pour les mâles du quartier.
  • La prévention des infections utérines (pyomètre), potentiellement mortelles.
  • La diminution significative du risque de tumeurs mammaires, surtout si l’opération est réalisée avant les premières chaleurs. Mais cet effet protecteur diminue après chaque cycle. 

Et au-delà de la santé, la stérilisation allège la charge mentale des humains et facilite la cohabitation dans les foyers où mâles et femelles cohabitent.

Les bénéfices pour un chien mâle

Chez le mâle, la stérilisation consiste en une castration. L’animal est placé sous anesthésie générale afin de lui retirer les testicules et donc de supprimer la production de testostérone et de spermatozoïdes. Le scrotum (poche dans laquelle se trouvent les testicules) est ainsi vidé de son contenu et peut légèrement se rétracter après l’opération.  

Les avantages de la stérilisation chez le mâle sont :

  • La réduction de certains comportements indésirables, comme le marquage urinaire (en intérieur), les fugues à la recherche d’une femelle en chaleur, ou encore l’agressivité (uniquement lorsqu’elle est liée aux hormones).
  • La prévention des problèmes de prostate, tels que l’hyperplasie bénigne (augmentation du volume de la prostate non liée à un cancer), les kystes, les infections prostatiques.
  • La diminution du risque de tumeurs testiculaires (logique, puisque les testicules sont retirés !).

Néanmoins, ces bénéfices ne sont pas systématiques. Selon les études récentes, les effets positifs varient selon la race, l’âge au moment de la stérilisation, et l’historique comportemental du chien.

Stérilisation du chien : quels inconvénients possibles ?

Depuis une dizaine d’années, des centaines d’études se sont intéressées aux effets de la stérilisation sur les chiens. Les bénéfices souvent mis en avant, comme la protection contre les tumeurs mammaires ou contre les problèmes de prostate, ont laissé place à des inconvénients qui ont définitivement rebattu les cartes. Ce n’est donc pas si surprenant si, chez nos voisins, la stérilisation n’est plus systématique. La Norvège, par exemple, a interdit la « stérilisation de convenance », la considérant comme un acte mutilant. 

Changements hormonaux et prise de poids

On estime que 30 à 50 % des chiens stérilisés prennent du poids dans les mois qui suivent la stérilisation (Dafflon, 2024).

Retirer les testicules ou les ovaires n’est donc pas sans conséquence. Cela implique forcément une baisse brutale des hormones sexuelles entrainant une modification du métabolisme énergétique de l’animal : votre chien brûle moins de calories, tout en conservant son appétit. Pire, cet appétit peut même être exacerbé dans les semaines qui suivent la stérilisation.

Par conséquent, si votre chien brûle moins de calories et mange tout autant : il prend inexorablement du poids. 

Et pour cause, ses besoins énergétiques après stérilisation diminuent d’environ 30 %. Pour vous donner une idée, 30 % de moins de nourriture par jour correspond à peu près à un repas en moins ! 

La ration quotidienne doit donc être attentivement revue avec votre vétérinaire après la stérilisation. Le type d’aliments (ex. : aliment pour chien stérilisé) ainsi que les quantités doivent être adaptés aux nouveaux besoins de votre chien. 

Cependant, il ne s’agit pas d’affamer votre chien pour autant, au risque d’engendrer de sérieux problèmes de comportements (stress, agressivité, prédation, etc.). Le recours à un aliment humide (type pâtée), moins calorique que des croquettes et gorgé d’eau (donc plus rassasiant), peut-être une option à envisager, en accord avec votre vétérinaire. 

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Augmentation de certains cancers, problèmes osseux et comportementaux

Loin d’être une simple chirurgie de routine, les conséquences de la stérilisation sur l’organisme ne se limiteraient pas aux organes sexuels. 

Les études ont montré :

  • Une augmentation du risque de cancers, plus marquée chez les femelles1.
  • Une augmentation du risque de problèmes orthopédiques, comme la rupture des ligaments croisés ou la dysplasie (problème de développement d’une articulation)2.
  • Un nombre plus marqué de maladies liées au système immunitaire (ex. : dermatite atopique)3.
  • Une augmentation du risque d’incontinence urinaire chez la femelle (lié au format de la race)4.
  • L’absence, voire l’aggravation de troubles du comportement (type phobies) présents avant la stérilisation (surtout entre 7 et 10 mois)5.

Ces effets seraient très variables selon la race du chien, son sexe et l’âge auquel l’animal serait stérilisé. Une stérilisation trop précoce (avant la fin de la croissance) serait en partie responsable de nombreux problèmes de santé. 

Par exemple, chez le labrador retriever, les troubles ostéoarticulaires (ex. : rupture du ligament croisé) sont significativement plus fréquents si la stérilisation est réalisée avant 6 mois (Hart et al., 2020).

D’autre part, chez le golden retriever femelle, la stérilisation à n’importe quel âge est associée à un risque accru de développer un certain nombre de cancers6.

Mais ces maladies ne sont pas retrouvées chez toutes les races. Une étude a établi un tableau de recommandation concernant la stérilisation des chiens en fonction de la race, l’âge et le sexe. Ce tableau est à discuter avec votre vétérinaire en accord avec ce que vous souhaitez.

Une alternative à la stérilisation : l’implant de deslorelïne

Il existe aujourd’hui des alternatives médicales à la stérilisation chirurgicale. Elles sont intéressantes pour les propriétaires qui souhaitent éviter une opération définitive ou sinon, simplement dans le but de tester les effets d’une suppression hormonale. 

C’est le cas de l’implant de deslorelïne. Il fonctionne un peu comme une « pilule contraceptive longue durée », mais sous la peau ! Une fois implanté entre les omoplates, il libère progressivement une substance qui bloque l’action de l’hormone GnRH (gonadotropin releasing hormone). 

Résultat : les testicules (ou les ovaires chez la femelle) cessent de produire les hormones sexuelles, comme la testostérone ou les œstrogènes, rendant l’animal temporairement stérile. L’effet met 4 à 6 semaines à s’installer et dure environ 6 mois (implant 4,7 mg) à plus d’un an (implant 9,4 mg). 

Une fois l’implant « épuisé », la fertilité revient progressivement.

Les avantages de l’implant

C’est réversible (l’effet dure 6 mois), non invasif, et cela permet de « tester » les effets de la castration avant une éventuelle opération, ce qui peut se révéler très utile dans certaines situations. 

Par exemple : si votre chien a un comportement parfois agressif. Avec la pose d’un implant, les hormones sexuelles vont s’éteindre pendant quelques mois. Si votre chien n’a plus de comportement agressif, cela signifie que son agressivité était liée aux hormones sexuelles et qu’une castration est donc recommandée.

À l’inverse, si cela n’a rien changé, le problème ne vient pas des hormones, une castration n’aura donc aucun effet sur son comportement.

Les inconvénients de l’implant

L’implant peut provoquer, chez certains chiens, une phase transitoire d’excitation avant que les hormones ne chutent, et l’effet n’est pas immédiat (environ 4 à 6 semaines pour agir). 

Par ailleurs, la pose d’un implant est coûteux, environ 70 € à 180 € selon le poids de l’animal et donc la dose à administrer (plus votre chien pèse lourd, plus cela coûte cher). Un coût non négligeable sur le long terme si la pose l’implant est à répéter.

Chez la femelle, les alternatives sont plus limitées. Il existe des contraceptifs hormonaux (type acétate de mégestrol, aussi appelés « pilule »), mais ils sont peu recommandés à long terme en raison des risques accrus de tumeurs mammaires, de diabète ou de pyomètre (infection de l’utérus).

L’implant est donc une bonne solution temporaire, notamment pour les mâles jeunes ou dans les cas où la stérilisation n’est pas encore décidée. Mais il ne remplace pas, à long terme, une réflexion globale sur la gestion hormonale de l’animal.

Comment prévenir les effets secondaires courants de la stérilisation

Si vous souhaitez opter pour la stérilisation de votre chien, sachez que les effets secondaires ne sont pas une fatalité. Avec un peu d’anticipation, certains peuvent être facilement évités : 

  • Adapter l’alimentation dès la sortie de la chirurgie avec des repas moins calorique et plus riche en fibres. 
  • Maintenir une activité physique quotidienne avec plusieurs balades quotidiennes.
  • Surveiller régulièrement le poids, la musculature et le comportement de votre chien.

Et surtout, ne jamais hésiter à reparler de la stérilisation avec votre vétérinaire si vous avez un doute. Car l’impact de cette opération dépend beaucoup de chaque chien !

Quel est le bon moment pour stériliser un chien ?

Au vu des différents inconvénients de la stérilisation évoqués dans cet article, vous l’aurez compris, il n’y a pas de réponse établie. En revanche, la communauté scientifique s’accorde à dire qu’il est important d’attendre la fin de la croissance de l’animal (23 mois pour les grandes races). 

Encore une fois, la stérilisation doit être étudiée au cas par cas, selon la race, le sexe, le mode de vie et l’état de santé du chien.

Le cas particulier de la stérilisation avant ou après les premières chaleurs

Chez la femelle, la question revient souvent : vaut-il mieux stériliser avant ou après les premières chaleurs ? Voici ce qu’il faut retenir :

  • Avant les premières chaleurs (vers 6 mois) : le risque de tumeurs mammaires est proche de zéro, mais chez certaines races, cela peut être trop précoce pour le développement articulaire ou hormonal.
  • Après les premières chaleurs (vers 12 mois) : la prévention des tumeurs est un peu moins efficace, mais c’est parfois un bon compromis pour les grandes races.

Dans tous les cas, il est déconseillé d’attendre trop longtemps. Après 2 ou 3 chaleurs, le risque de tumeur mammaire augmente nettement (jusqu’à 25 % de probabilité chez certaines races non stérilisées).

Quel est le prix d’une stérilisation de chien ?

La stérilisation a un coût qu’il est important de prévoir lorsque l’on adopte un animal. Le tarif varie en fonction de différents critères :

  • Le sexe du chien : la stérilisation d’une femelle est plus complexe (ouverture de l’abdomen) et donc plus coûteuse que celle d’un mâle.
  • La taille du chien : un chihuahua et un berger allemand n’ont pas le même gabarit. La quantité de produits anesthésiants et autres médicaments dépendant du poids de l’animal, le coût sera logiquement plus élevé pour un grand chien.
  • Le vétérinaire : chaque clinique fixe ses propres tarifs, en fonction du matériel, de l’équipe et des prestations incluses.

En moyenne :

  • La castration d’un mâle coûte entre 120 € et 250 €.
  • La stérilisation d’une femelle coûte entre 200 € et 450 €, voire plus pour les grandes races.

Ce tarif comprend généralement :

  • Une consultation préopératoire.
  • L’anesthésie générale.
  • La chirurgie.
  • Les soins postopératoires immédiats (antalgiques, pansements).
  • Une visite de contrôle (souvent 7 à 10 jours après).

Certaines cliniques incluent aussi un bilan sanguin préanesthésique, fortement recommandé, surtout pour les chiens de plus de 6 ans. Cela permet de s’assurer que votre animal n’a aucun problème de santé pouvant contre-indiquer l’utilisation de certains médicaments utilisés lors de la chirurgie (et même après).

Conseil : n’hésitez pas à demander un devis détaillé avant l’intervention. Cela permet d’éviter les mauvaises surprises.

Aides financières et tarifs réduits possibles

Pour les foyers modestes ou les personnes ayant adopté un chien en refuge, il existe des solutions d’aide :

  • La SPA et d’autres refuges proposent souvent une stérilisation à tarif réduit, ou déjà réalisée avant l’adoption.
  • Certaines associations de protection animale (comme 30 Millions d’Amis ou One Voice) distribuent des bons de stérilisation à prix négocié.
  • Les écoles vétérinaires (comme Maisons-Alfort, Toulouse ou Nantes) proposent parfois des interventions à tarif préférentiel, réalisées par des étudiants encadrés.

Astuce : renseignez-vous aussi auprès de votre mairie ou de votre communauté de communes. Certaines mettent en place des campagnes de stérilisation à prix réduit pour limiter les naissances noncontrôlées.

1. Hoffman JM er al. Reproductive capability is associated with lifespan and cause of deathin companion dogs. PLoS One 2013;8(4)e61082
2. Hart BL et al. Long-term health effect on neutering dogs: comparison of Labrador retrievers and Golden rterievers. Plos One 2014,9(7):e102241.
3. Sundburg CR et al. Gonadectomy effectson the risk of immune disorders in the dog: a retrospective study. BMC Vet Res2016;12(1):278.
4. Pegram C et al. Association between neutering and early-onset urinary incontinence in UK bitches under primary veterinary care. J Small Anim Pract 2019;60(12):723-33.
5. Farhoody P et al. Aggression toward familiar people, strangers, and conspecifics in gonadectomized and intact dogs. Front Vet Sci 2018;5:18 doi: 10.3389/fvets.2018.00018
6. Hart, B. L., Hart, L. A., Thigpen, A. P., & Willits, N. H. (2020). Assisting Decision-Making on Age of Neutering for 35 Breeds of Dogs : Associated Joint Disorders, Cancers, and Urinary Incontinence. Frontiers In Veterinary Science, 7. https://doi.org/10.3389/fvets.2020.00388













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