En réalité, le bon moment dépend de sa race, de son sexe et de ses besoins comportementaux ou médicaux, mais aussi de la fin de sa croissance.
En quoi consiste la castration chez le chien ?
Quand on adopte un chien mâle, la question de la castration arrive souvent assez vite. Prévention des fugues, comportements gênants, risques de tumeurs… autant de raisons qui peuvent pousser les propriétaires à envisager cette chirurgie. Mais de nouvelles études remettent en question la castration systématique et soulignent l’importance de prendre la décision au cas par cas.
Différence entre castration et stérilisation
Les deux mots sont parfois employés comme synonymes, mais ils ne désignent pas tout à fait la même chose.
- La castration consiste à retirer les glandes sexuelles (gonades). Chez le mâle, ce sont les testicules et chez la femelle, ce sont les ovaires. Leur retrait se fait sous anesthésie générale et est irréversible, l’animal est ainsi stérilisé.
- La stérilisation, dans le langage vétérinaire, peut désigner tout acte qui rend un animal infertile, y compris de manière temporaire (comme avec l’implant sous-cutané de deslorelïne).
En pratique, quand on parle de castration chez le chien, on parle le plus souvent de castration chirurgicale.
À quel âge peut-on castrer un chien ?
Il n’y a pas d’âge unique valable pour tous les chiens. En réalité, le bon moment dépend de sa race, de son sexe et de ses besoins comportementaux ou médicaux. Néanmoins, il est recommandé d’attendre la fin de croissance de l’animal.
- Pour les petits chiens, une castration vers 8 mois peut être envisagée.
- Pour les grandes races (labrador, berger allemand, golden retriever…), les études recommandent d’attendre la fin de la croissance, c’est-à-dire entre 12 et 24 mois selon les races.
Pourquoi ? Parce que les hormones sexuelles jouent un rôle majeur dans le développement osseux et articulaire. Une castration trop précoce peut augmenter le risque de dysplasie (malformation articulaire), de rupture des ligaments croisés, ou d’anomalies de croissance. Une étude menée sur les labradors retrievers (Hart et al., 2020) a montré que les chiens castrés avant 6 mois avaient 2 deux fois plus de problèmes ostéoarticulaires.
Le meilleur moment dépend aussi du tempérament de votre chien. S’il montre des comportements difficiles (fugues, marquages, agressivité liée aux hormones), il peut être utile d’en discuter avec votre vétérinaire, ou d’essayer un implant temporaire avant de décider d’une castration définitive.
L’implant a l’avantage de mimer une castration chirurgicale. Vous pouvez ainsi observer si les comportements gênants ont disparu. Si ça n’est pas le cas, c’est qu’ils n’étaient pas liés aux hormones et que la castration n’aura aucun effet sur ces comportements indésirables.
Combien coûte la castration du chien ?
Le prix dépend du poids du chien, de la clinique vétérinaire, et des prestations incluses (consultation préopératoire, anesthésie, médicaments, suivi, etc.).
En moyenne :
- Pour un chien de taille moyenne, comptez entre 120 € et 250 €.
- Certaines structures (SPA, écoles vétérinaires, associations) proposent des tarifs réduits, notamment pour les foyers modestes.
N’hésitez pas à demander un devis détaillé à votre vétérinaire. Et pensez à poser la question d’un bilan préanesthésique (prise de sang), souvent recommandé pour les chiens de plus de 6 ans. Bien qu’il représente un coût, il permet néanmoins, de s’assurer que votre animal ne présente aucune pathologie contre-indiquant l’utilisation de certains médicaments au cours de l’anesthésie.
Les avantages de castrer un chien
La castration chirurgicale n’est pas qu’un moyen d’éviter les portées non désirées. Elle peut aussi apporter un certain nombre de bénéfices en fonction de l’animal.
La réduction de certains comportements indésirables
La testostérone (l’hormone sexuelle mâle) influence fortement certains comportements. Chez de nombreux chiens, la castration permet de réduire ou de supprimer :
- le marquage urinaire (surtout à l’intérieur de la maison) ;
- les fugues à la recherche de femelles en chaleur ;
- les tentatives de chevauchement, y compris sur les jambes des invités (qui peuvent mettre très mal à l’aise !) ;
- et dans certains cas, des comportements agressifs liés aux hormones.
Mais attention : la castration ne résout que les problèmes liés aux hormones. Un chien mal socialisé ou au tempérament craintif ne deviendra pas un petit agneau par magie après une castration. L’éducation et un environnement stable restent indispensables.
La prévention de certaines maladies (prostate, tumeurs, etc.)
La castration réduit aussi certains risques médicaux au fil du temps, notamment :
- l’hyperplasie bénigne de la prostate, très fréquente chez les chiens âgés entiers (non castrés).
- les kystes prostatiques et certaines infections.
- les tumeurs testiculaires. Sans testicule, il n’y a plus de risque de tumeur testiculaire.
La baisse des fugues et du marquage urinaire
L’un des effets les plus immédiats observés après la castration est la diminution de la motivation sexuelle. En d’autres termes, un chien castré est souvent moins tenté par les escapades amoureuses, surtout s’il a été castré avant que ce comportement ne devienne une habitude.
Idem pour le marquage urinaire : la testostérone stimule l’envie de « poser son drapeau » partout dans la maison. Sans testostérone, cette pulsion s’atténue, même si, encore une fois, cela dépend de l’âge et du tempérament du chien.
Les inconvénients de castrer un chien
Si la castration présente des bénéfices certains, elle n’est pas sans effets secondaires ni conséquences à long terme, surtout si elle est pratiquée trop tôt ou sans prendre en compte les spécificités du chien. La décision doit donc être individualisée, en accord avec un vétérinaire, et elle doit se faire de manière éclairée.
Des effets secondaires notoires : prise de poids, risques de cancers, troubles squelettiques
Plusieurs centaines d’études sont menées chaque année sur la stérilisation et les conclusions convergent toutes dans le même sens.
Parmi les inconvénients recensés dans la littérature scientifique récente (notamment Dafflon 2024 et Hart et al. 2020), on peut citer :
- Une prise de poids : les chiens castrés ont un métabolisme légèrement ralenti. Ils ont besoin d’environ 20 à 30 % de calories en moins qu’un chien entier. Si la ration quotidienne n’est pas adaptée après la castration, l’animal prend inéluctablement du poids.
- Une augmentation du risque de certains cancers : la castration précoce a été associée, dans certaines races, à une augmentation du risque de tumeurs osseuses (ostéosarcomes), de lymphomes, ou de tumeurs de la rate ou de la vessie.
- Des troubles ostéoarticulaires : comme mentionné plus haut, les grandes races castrées avant la fin de leur croissance présentent un risque accru de dysplasie de la hanche ou du coude, ainsi que de ruptures du ligament croisé.
Ces effets ne surviennent pas chez tous les chiens, mais ils doivent être connus avant de prendre votre décision. Une étude a établi un tableau afin d’indiquer la pertinence ou non de stériliser son chien selon sa race, son sexe, son âge. Ces indications permettent de faire un choix éclairé, et de ne pas forcément aller vers une castration systématique.
Des risques comportementaux en cas de castration trop précoce
Il est tentant de vouloir castrer un chiot pour éviter de futurs « débordements hormonaux », mais une castration trop précoce (avant 6 mois, voire avant la puberté) peut aussi avoir un impact comportemental négatif :
- Retard ou absence de maturation sociale.
- Peurs mal gérées ou accentuées.
- Réactivité accrue, parfois même agressivité défensive (liée au manque de confiance).
Chez certains chiens, la testostérone joue un rôle régulateur dans la gestion de la frustration ou de l’anxiété. La supprimer trop tôt peut dérégler l’équilibre émotionnel d’un chien en devenir.
En résumé : mieux vaut observer le développement comportemental du chien et échanger avec un vétérinaire ou un éducateur avant de décider d’une castration précoce.
Un risque de baisse d’activité
Plusieurs études, dont celles de Hart et al. (2020) et Dafflon (2024), indiquent qu’après une castration, certains chiens deviennent moins actifs. Cela est en partie lié à la suppression de la testostérone, hormone impliquée dans la motivation, l’exploration et l’excitation. Ce n’est pas une règle absolue, mais on peut constater :
- une baisse de la motivation à explorer ou à jouer ;
- moins d’endurance ou de motivation à l’effort ;
- une prise de poids progressive si l’alimentation n’est pas ajustée ;
- un tempérament globalement plus calme (ce qui peut être un avantage, comme un inconvénient, selon les attentes).
Une étude de Courcier et al. (2011) a montré que les chiens stérilisés sont significativement plus à risque de devenir obèses, notamment à cause d’une combinaison entre baisse d’activité et augmentation de l’appétit. Bonne nouvelle : ces effets sont souvent compensés par une bonne hygiène de vie. Une activité physique régulière et une alimentation adaptée suffisent à éviter la prise de poids et à maintenir un chien tonique.
Idées reçues autour de la castration du chien
La castration du chien soulève encore beaucoup de mythes, souvent répétés de bouche à oreille, mais rarement fondés sur des faits. Il est temps de démêler le vrai du faux avec un peu de bon sens… et quelques données scientifiques.
« La castration fait forcément grossir mon chien »
Alors disons que la castration ne fait pas grossir…en elle-même. Car, ce n’est pas l’acte chirurgical qui rajoute des kilos, mais l’arrêt des hormones sexuelles entraîne, cependant, une baisse des besoins énergétiques au quotidien. En d’autres termes, votre chien a besoin de moins de calories (et donc moins de croquettes !) au quotidien.
À cela s’ajoute une augmentation de la faim après la castration. Pourquoi ? Tout simplement, car les œstrogènes et la testostérone seraient impliqués dans la fabrication d’hormones responsables de la satiété. Par conséquent, sans les hormones sexuelles, la sensation de faim augmente.
Vous l’aurez donc compris : baisse du nombre de calories nécessaires au quotidien et augmentation de la faim = l’animal grossit. Mais, rassurez-vous, ça n’est pas une fatalité ! En réévaluant avec votre vétérinaire, la ration à donner à votre chien après la castration (moins calorique, plus de fibres) et en veillant à lui proposer suffisamment d’activités physiques, votre chien ne grossira pas.
« C’est une punition pour mon chien »
C’est une vision très humaine et très erronée. Un chien n’a pas de conscience de sa sexualité comme un humain, et la castration ne génère pas de « frustration sentimentale » ou d’état dépressif à proprement parler.
En revanche, certains chiens expriment des comportements sexuels forts (fugues, marquages, chevauchements) qui peuvent devenir source d’excitation ou de stress. Dans ces cas-là, la castration peut au contraire les apaiser, et leur permettre de mieux vivre au quotidien.
Important : un chien n’est pas « moins mâle » parce qu’il est castré. Il reste lui-même, avec sa personnalité, ses habitudes.
En résumé
La castration du chien est une décision importante, qui doit être réfléchie avec l’aide d’un vétérinaire. Il est important de peser le pour et le contre et de ne pas tomber dans une stérilisation systématique.
