Un chiot doit être vermifugé toutes les 2 semaines jusqu’à l’âge de 8 semaines puis tous les mois jusqu’à 6 mois
Dr Marine Delmer
Pourquoi un protocole intensif de vermifugation chez le chiot ?
Le risque parasitaire élevé dès les premiers jours
Le chiot, en raison de son statut immunitaire fragile, est exposé à un risque de parasitisme élevé. Les vers intestinaux, notamment les ascaris, sont extrêmement fréquents chez les chiots. Une étude sur des chiens de refuge confirme que le parasitisme intestinal peut poser des problèmes de santé sérieux (retard de croissance, occlusion intestinale, etc.), surtout chez les chiots. Des enquêtes montrent également que de nombreux chiens ne sont pas traités selon une fréquence de vermifugation optimale.
Concernant les puces, le risque chez le chiot est le même que chez l’adulte, mais les conséquences peuvent être plus sévères en cas d’infestation grave.
Transmission par la mère
Certains parasites peuvent être transmis via le lait maternel ou le placenta pendant la gestation : le chiot peut donc être contaminé très tôt.
L’environnement joue aussi un rôle : vers et puces peuvent être transportés sous nos chaussures. Il est donc essentiel de prendre des mesures spécifiques (retrait des chaussures, lavage des mains, local dédié à la nouvelle famille…) pour protéger la portée et la mère d’une contamination éventuelle.

Impact sur la croissance et la santé
Un chiot parasité lourdement souffre de plusieurs effets combinés :
- Spoliation sanguine : certains vers ainsi que les puces se nourrissant de sang, peuvent provoquer une anémie grave (diminution importante du nombre de globules rouges).
- Diminution des nutriments disponibles : les parasites internes détournent des nutriments, irritent la muqueuse intestinale, entraînent des signes digestifs.
- Perte de poids.
- Retard de croissance : parfois irréversible.
- Système immunitaire affaibli : un chiot fortement parasité, dès son plus jeune âge, a plus de risques de développer d’autres infections, car son organisme lutte déjà contre le parasitisme.
Lors d’infestation grave, l’état de santé de votre compagnon peut même nécessiter une hospitalisation à la suite d’une consultation vétérinaire. N’hésitez pas à consulter notre article sur les infestations aux puces afin d’en connaître les symptômes.
Ainsi, le vermifuge n’est pas seulement « un truc de plus », mais un pilier essentiel pour une croissance saine.
Risque sanitaire et zoonose
Certains parasites des chiots présentent un enjeu de santé publique. On ne parle pas de maladie transmissible directement, mais les œufs sécrétés peuvent infester les humains, en particulier les ascaris (par exemple Toxocara canis).
Lorsque des personnes à risque se trouvent dans le foyer (les enfants en bas âge, les femmes enceintes, les personnes âgées ou immunodéprimées), il est recommandé de vermifuger son animal plus régulièrement.
Traiter son chiot avec un vermifuge polyvalent à large spectre (c’est-à-dire un vermifuge efficace sur plusieurs familles de vers) permet donc non seulement de protéger l’animal, mais aussi l’entourage et la collectivité.
Quel rythme adopter pour le vermifuge chez le chiot ?
Un rythme intense chez le chiot
Toutes ces raisons expliquent l’importance d’un protocole plus rigoureux que chez l’adulte : toutes les 2 semaines jusqu’à l’âge de 8 semaines puis tous les mois jusqu’à 6 mois.
Bien que la littérature scientifique ne fixe pas un consensus strict, elle reconnaît la nécessité d’une fréquence rapprochée.
Pour les puces, selon le produit choisi, la fréquence varie,mais la protection doit être continue.
Après 6 mois
La croissance ralentit, mais le risque parasitaire persiste. Il faut continuer de vermifuger son chien.
En général, administrer le vermifuge tous les 3 mois avec une solution efficace suffit. Mais il est recommandé de consulter votre vétérinaire pour que le protocole soit adapté à votre mode de vie et à ses besoins.
Concernant les puces, le traitement doit rester permanent, leur action étant préventive.

Quel produit utiliser ?
Les formes disponibles sont variées : pipette, collier ou comprimé.
Par voie orale, vous trouverez, par exemple, ceux à base de milbémycine oxime, fenbendazole ou praziquantel sous forme de comprimé. Il existe également des vermifuges liquides. Contre les puces, des comprimés sous forme de friandise sont également disponibles. L’avantage qu’ils présentent est qu’on est sûr de la protection une fois que le chien l’a avalé.
Par voie externe, certaines pipettes ou spot-on combinent parfois vermifuge et antipuce/tique. Les sprays, les poudres ou les colliers, eux, agissent uniquement sur les puces. Toutefois, ces solutions nécessitent un bon ajustement si vous choisissez le collier (2 cm entre le collier et la peau du chien, pas plus, pas moins) ou bien, l’absence de baignade (le contact régulier avec l’eau diminue l’efficacité des produits en topiques ou spot-on). Il est d’ailleurs déconseillé de laver son chien 48h avant et après avoir opté pour un de ces produits.
Enfin, durant la croissance, il est déconseillé d’utiliser des méthodes naturelles pour protéger votre chiot.
Focus sur le gène MDR1
La présence de ce gène peut influencer la façon dont certains chiots réagissent aux vermifuges.
Qu’est-ce que le gène MDR1 ?
Le gène MDR1 est impliqué dans la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau. En cas de mutation, cette barrière devient moins efficace.
On observe cela chez certaines races de chiens (ex : collies, colleys, bergers australiens). Votre vétérinaire ou éleveur peut vous informer sur les risques et recommander un test génétique.

Pourquoi cela est-il pertinent pour le vermifuge et l’antipuce ?
On constate que de nombreux vermifuges pour chien peuvent poser problème pour les animaux ayant cette mutation. Administrer des vermifuges courants peut provoquer des troubles neurologiques tels que des convulsions.
Dans le doute, il est préférable de demander conseil auprès de votre vétérinaire avant d’administrer un produit antiparasitaire à votre animal.
Pour mieux comprendre, voici un tableau récapitulatif des molécules conseillées ou interdites en cas de mutation MDR1 :
Tableau des molécules à risques
Ainsi, vermifuger votre chiot avec un produit efficace, c’est lui donner les bases d’une croissance saine. En le protégeant des parasites internes, vous prévenez l’anémie, le retard de développement et les risques de zoonoses. Le protocole intensif des premiers mois n’est pas excessif : il répond à une réelle fragilité immunitaire et physiologique. Et pour certaines races à risque de mutation MDR1, adapter les molécules utilisées permet d’allier efficacité et sécurité.
Sources :
- ESCCAP, Guide de recommandations
- Raza A. et al., Gastrointestinal Parasites in Shelter Dogs: Occurrence, Pathology, Treatment and Risk to Shelter Workers., 2018
- Massetti L. et al., Canine gastrointestinal parasites perceptions, practices, and behaviours: A survey of dog owners in Australia., 2023
- Frada M. et al., Growth stunted in half a litter of puppies due to intestinal parasitism., 2020
- McNamara J. et al., Survey of European pet owners quantifying endoparasitic infection risk and implications for deworming recommendations., 2018
