Chien épileptique : symptômes, causes et traitements

Voir son chien faire une crise épileptique est une expérience bouleversante. Tremblements, convulsions, perte de repères… Ces manifestations peuvent effrayer, d’autant qu’elles arrivent souvent sans prévenir. Pourtant, l’épilepsie chez le chien, bien que sérieuse, peut être prise en charge efficacement. Comprendre les mécanismes de la maladie, savoir identifier les signes et connaître les options de traitement sont les premières étapes pour accompagner au mieux son compagnon à quatre pattes.

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Ne jamais mettre les mains dans la bouche d’un chien en pleine crise !

Qu’est-ce que l’épilepsie chez le chien ?

Définition et fonctionnement des crises épileptiques

L’épilepsie est une maladie neurologique chronique caractérisée par la survenue de crises convulsives. En clair, le cerveau du chien « bugue » temporairement à cause d’une activité électrique anormale dans ses neurones. Ces crises peuvent être très brèves ou durer plusieurs minutes, avec des intensités variables.

Il existe deux grandes catégories d’épilepsie :

  • L’épilepsie secondaire (ou symptomatique) : elle est causée par une lésion cérébrale (tumeur, infection, traumatisme) ou une maladie métabolique (intoxication, troubles du foie, etc.).
  • L’épilepsie idiopathique : c’est la plus fréquente chez le chien. Elle est dite « idiopathique » car on ne retrouve pas de cause précise malgré les examens. Elle touche souvent les jeunes chiens (entre 1 et 5 ans), et certaines races sont plus concernées que d’autres (cf. paragraphe plus bas).

Comment reconnaître un chien épileptique ?

Un chien épileptique ne va pas forcément faire des crises tous les jours. Il peut être parfaitement normal entre deux épisodes. Ce qui doit alerter, c’est la répétition des crises, souvent similaires d’un épisode à l’autre.

Voici quelques signes qui peuvent évoquer une crise épileptique :

  • Convulsions soudaines (tremblements violents et saccadés du corps).
  • Raideur musculaire.
  • Perte de conscience partielle ou totale.
  • Mouvements de pédalage.
  • Salivation excessive.
  • Perte d’urine ou de selles.
  • Confusion après la crise (phase post-ictale).

Les différents types de crises observées chez le chien

Les crises ne se ressemblent pas toutes. On distingue notamment :

  • Les crises généralisées : les plus impressionnantes, elles touchent tout le corps, souvent associées à une perte de conscience.
  • Les crises focales : plus discrètes, elles n’affectent qu’une partie du corps (par exemple, un tremblement localisé à une patte ou une secousse faciale).
  • Les crises focales évoluant en crises généralisées : elles commencent localement (une partie du corps) et se généralisent ensuite.

Il existe aussi des absences, plus rares, durant lesquelles le chien semble « dans la lune » pendant quelques secondes. Il fixe le mur ou essaie de « gober des mouches ».

Symptômes et signes d’alerte

Ce qui peut déclencher une crise chez le chien

Chez un chien épileptique, certaines situations peuvent favoriser l’apparition d’une crise, sans forcément en être la cause directe. Ces « facteurs déclenchants » varient d’un individu à l’autre, mais on observe souvent :

Identifier ces éléments déclencheurs permet parfois d’espacer les crises ou de mieux anticiper leur survenue.

  • Le stress ou l’excitation excessive (visite chez le vétérinaire, présence d’étrangers à la maison, trajet en voiture).
  • Le manque de sommeil ou un changement brutal dans les habitudes.
  • Une activité physique intense, surtout si le chien n’est pas habitué.
  • Des lumières clignotantes (très rare, mais possible comme chez l’humain).
  • L’oubli ou le retard dans l’administration des médicaments.

Manifestations typiques d’une crise épileptique

Une crise épileptique se déroule souvent en trois phases :

  1. La phase pré-ictale (ou aura) : le chien paraît inquiet de manière inhabituelle, colle son maître, halète, tourne en rond… C’est le signal avant-coureur que quelque chose ne va pas. Certains chiens vivent cette phase à chaque fois, d’autres jamais.
  2. La phase ictale : c’est la crise en elle-même. Elle dure généralement de quelques secondes à deux minutes. Le chien tombe au sol, se raidit, convulse, peut saliver, uriner ou vocaliser.
  3. La phase post-ictale : après la crise, le chien est désorienté, fatigué, parfois temporairement aveugle. Cette période peut durer de quelques minutes à plusieurs heures.

Important : si une crise dure plus de 5 minutes, ou si plusieurs crises se succèdent sans que le chien ne reprenne ses esprits, il s’agit d’une urgence vétérinaire appelée « état de mal épileptique ». Il faut consulter immédiatement.

Quelles sont les causes de l’épilepsie canine ?

Origines génétiques et races prédisposées

L’épilepsie peut être d’origine génétique, c’est-à-dire qu’elle est transmise par gènes et donc par les parents. Dans ce cas, on parle d’épilepsie idiopathique, un terme qui peut prêter à confusion : idiopathique signifie simplement « dont la cause précise est inconnue », mais dans la pratique vétérinaire, cela désigne souvent une forme héréditaire.

Certaines races présentent une prédisposition avérée à ce type d’épilepsie, ce qui signifie que leurs gènes les rendent plus susceptibles d’en développer. C’est le cas notamment :

Chez ces races, les premières crises apparaissent souvent entre 6 mois et 5 ans. La fréquence et la gravité varient d’un individu à l’autre.

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Causes secondaires : traumatismes, infections, intoxications….

Mais toutes les épilepsies ne sont pas héréditaires. Chez certains chiens, les crises sont secondaires à une autre affection: on parle alors d’épilepsie symptomatique. Voici quelques causes possibles :

  • Traumatisme crânien : un choc ancien à la tête peut laisser des séquelles au cerveau et provoquer, plus tard, des crises.
  • Tumeur cérébrale : surtout chez les chiens âgés, une tumeur (bénigne ou maligne) peut être à l’origine des symptômes épileptiques.
  • Infection ou inflammation du système nerveux central : des maladies comme la méningite ou l’encéphalite peuvent déclencher des convulsions.
  • Troubles métaboliques : un foie ou des reins défaillants, une hypoglycémie sévère (notamment chez les chiens diabétiques), ou un déséquilibre électrolytique peuvent perturber l’activité cérébrale.
  • Intoxications : l’ingestion de produits toxiques (chocolat, certains médicaments humains, insecticides, etc.) peut entraîner des crises.

Dans ces cas, il est essentiel d’identifier et traiter la cause sous-jacente. Parfois, les crises disparaissent totalement une fois la maladie traitée ; d’autres fois, elles persistent malgré tout.

Par ailleurs, le vétérinaire peut recommander une IRM ou un scanner cérébral si une cause structurelle est suspectée, surtout chez un chien adulte sans antécédent familial d’épilepsie.

Comment traiter l’épilepsie chez le chien ?

Prise en charge vétérinaire et traitements médicamenteux

Une fois le diagnostic posé, la priorité est de réduire la fréquence et l’intensité des crises, tout en assurant une bonne qualité de vie à votre chien. Le traitement repose principalement sur des médicaments antiépileptiques. Le plus couramment prescrit est le phénobarbital, un médicament qui agit sur l’excitabilité des neurones. D’autres molécules comme le bromure de potassium, le lévétiracétam ou encore la zonisamide peuvent être utilisées, seules ou en combinaison.

Ces traitements n’ont pas pour but de guérir, mais de stabiliser la situation. Dans la majorité des cas, ils permettent d’espacer les crises, parfois de les faire disparaître complètement pendant plusieurs mois.

Attention : une fois commencé, un traitement antiépileptique ne doit jamais être arrêté brutalement, au risque de provoquer une recrudescence des crises. Il doit aussi être administré à heure fixe, chaque jour, sans oubli.

Suivi à long terme et ajustements nécessaires

Le suivi est une composante essentielle du traitement. Des bilans sanguins réguliers permettent de vérifier que le médicament est bien dosé et que le foie (notamment) le supporte bien. Si les crises persistent ou s’intensifient, le vétérinaire pourra ajuster la posologie ou changer de molécule.

Il faut parfois du temps (parfois plusieurs mois) pour trouver le bon équilibre thérapeutique. Cette phase d’adaptation peut être stressante, mais elle est cruciale pour offrir à votre chien une vie confortable.

L’importance d’un vétérinaire spécialisé (neurologue)

Dans les cas complexes ou résistants aux traitements classiques, il peut être très utile de consulter un vétérinaire neurologue. Ces spécialistes du système nerveux disposent d’outils diagnostiques poussés (IRM, scanner, électroencéphalogramme) et d’une connaissance pointue des traitements les plus récents.

Même si ce n’est pas toujours nécessaire, leur avis peut faire la différence lorsque la situation devient difficile à contrôler.

Vivre avec un chien épileptique : conseils au quotidien

Impacts sur la qualité de vie du chien et de son propriétaire

Apprendre que son chien est épileptique peut être angoissant, mais rassurez-vous : avec un traitement adapté et un suivi régulier, de nombreux chiens mènent une vie tout à fait normale. Ils peuvent courir, jouer, et profiter de longues balades comme avant. En revanche, il faut être attentif et organisé, car la maladie impose quelques ajustements dans votre routine.

Du point de vue du propriétaire, l’épilepsie demande une vigilance accrue et parfois une certaine résilience émotionnelle. Voir son chien convulser n’est jamais agréable, mais comprendre la maladie et savoir comment réagir aide à garder son calme.

Prévenir les crises et sécuriser l’environnement

Si certaines crises surviennent sans prévenir, d’autres peuvent être favorisées par des déclencheurs : stress, fatigue excessive, changements de rythme de vie, bruits intenses… Il est donc conseillé de :

  • Maintenir des journées régulières avec des horaires fixes (heures de repas et de traitement constantes).
  • Éviter les sources de stress inutiles.
  • S’assurer que votre chien dort suffisamment.

En cas de crise, mieux vaut avoir anticipé : l’idéal est de sécuriser son espace de vie, notamment en retirant les objets contre lesquels il pourrait se cogner (tables basses, bords tranchants, escaliers non protégés…). Vous pouvez aussi noter les crises dans un carnet : date, durée, comportement avant/après… Cela aidera le vétérinaire à ajuster le traitement.

Et surtout : ne mettez jamais les mains dans la bouche d’un chien en pleine crise ! Contrairement à une vieille idée reçue, il ne risque pas d’avaler sa langue, mais il pourrait vous mordre sans le vouloir.

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