La plupart des morsures ou comportements agressifs sont précédés de signaux d’inconfort, malheureusement souvent ignorés ou méconnus des humains, comme : le détournement du regard, un corps figé, une queue basse, le léchage du museau, etc.
Pourquoi comprendre le langage du chien est essentiel ?
Une meilleure relation humain-chien
Les travaux de John Bradshaw (éthologue et spécialiste du comportement canin, Université de Bristol) démontrent que la relation humain-chien repose sur la clarté des signaux. En d’autres termes, un humain qui sait lire le langage canin offre à son chien un environnement plus sécurisant, plus prévisible et plus respectueux de ses émotions.
Comprendre son chien permet ainsi de :
- Répondre à ses besoins réels.
- Renforcer la confiance.
- Développer des interactions plus harmonieuses.
- Réduire les malentendus au quotidien.
Un chien qui se sent compris communique davantage et présente moins de comportements problématiques liés au stress ou à l’incompréhension avec son propriétaire.
Prévenir les malentendus et les comportements à risque
Les scientifiques rappellent que la plupart des morsures ou comportements agressifs sont précédés de signaux d’inconfort, malheureusement souvent ignorés ou méconnus des humains, comme : le détournement du regard, un corps figé, une queue basse, le léchage du museau, etc.
Une étude de 2016 montre qu’avant de réagir, les chiens préviennent : ils utilisent d’abord des signaux pour dire qu’ils ne sont pas à l’aise, et seulement après ils intensifient leur communication.
Ainsi, être capable de reconnaître ces premiers signes vous permet de :
- Désamorcer une interaction trop intense.
- Éviter une situation dangereuse.
- Protéger le chien et l’humain.
Car il ne faut pas l’oublier : un chien avertit (presque) toujours avant de réagir.

Les signaux corporels les plus courants chez le chien
Mais avant d’entrer dans l’interprétation des signaux, il est essentiel de rappeler un principe fondamental : le langage corporel doit toujours être lu dans son ensemble.
Comme le souligne le professeur Adam Miklósi, « un seul signal isolé n’a pas de valeur ». Une queue basse, par exemple, peut traduire de la peur, mais aussi de la prudence ou de la fatigue. C’est la combinaison queue + posture + oreille + regard qui crée du sens.
Lire la posture complète : oreilles, queue et corps ensemble
Les oreilles
La morphologie influence la lisibilité, mais les principales tendances sont :
- Oreilles dressées : vigilance, attention.
- Oreilles tournées vers l’arrière : stress, inconfort, apaisement.
- Oreilles souples et mobiles : détente.
La queue
Une étude a révélé que la position et les mouvements de la queue ne sont pas anodins, ils peuvent aider à comprendre l’émotion du chien :
- Queue basse : incertitude, soumission, peur possible.
- Queue haute, rigide : excitation, tension, stress.
- Battements rapides : émotion forte (positive ou négative).
- Légers mouvements latéraux : attention modérée, curiosité.
La posture du corps
- Corps souple : relaxation.
- Corps figé : vigilance, inconfort, montée de stress.
- Poids vers l’avant : impulsion, excitation, motivation.
- Poids vers l’arrière : prudence, hésitation, retrait.
Mais attention : tout signal peut être trompeur s’il est lu seul. Pour comprendre votre chien, vous devez l’observer dans son mouvement global et les quelques secondes précédentes.
Regard, posture et mouvements d’évitement
Le regard est un outil de communication puissant (même pour les chiens !). Pour le décrypter, en résumé, voici ce que vous devez savoir :
- Regard doux, clignements lents : apaisement.
- Regard fixe, prolongé : menace, inconfort ou forte vigilance.
- Regard détourné : politesse canine, souhait de réduire la tension.
Les mouvements d’évitement (se tourner, contourner un individu, renifler le sol brièvement, ralentir) sont aussi des stratégies de communication sociale. Ils font partie des signaux d’apaisement qui visent à réduire la tension sociale.
Ce sont des comportements dits de « désescalade », destinés à éviter le conflit.

Les comportements vocaux : que signifient-ils ?
Aboiements, gémissements, grognements : décrypter les sons
Les vocalisations complètent le langage corporel.
Les aboiements
Ils peuvent traduire :
- alerte ;
- frustration ;
- excitation ;
- demande d’interaction ;
- malaise.
La signification des aboiements dépend du rythme, de la hauteur, et du contexte.
Les gémissements
Ils expriment souvent du stress, de l’excitation, de la solitude ou une demande.
Les hurlements
Hérités du loup, ils apparaissent lors de :
- sollicitations sonores ;
- solitude ;
- communication longue distance ;
- émotions intenses.
Les grognements
Contrairement aux idées reçues, le grognement est un signal d’avertissement normal et sain. Selon Bradshaw (éthologue et spécialiste du comportement canin à l’Université de Bristol), le grognement n’est pas un signe d’agressivité, mais un moyen de dire « stop ». Un grognement indique que le chien essaie d’éviter un conflit. Il faut arrêter tout interaction avec lui et s’éloigner.
Le silence et la communication non verbale
Il ne faut pas croire qu’un chien silencieux est un animal qui ne communique pas.
Bien au contraire ! Contrairement au langage généralement utilisé par les humains, le langage canin est principalement silencieux, mais il reste très communicatif :
- Tension du corps.
- Respiration modifiée.
- Immobilité soudaine.
Ces signaux précèdent parfois une fuite ou même une morsure lorsqu’ils sont ignorés.
Les signaux d’apaisement : comment les repérer ?
Ces signaux ont un rôle important dans le langage canin, ils permettent au chien de réduire une tension sociale. Ils ne sont pas des signes de « culpabilité », mais de communication émotionnelle.
Bâillement, léchage de truffe, détournement du regard
Les signaux d’apaisement servent à calmer une situation ou à exprimer une émotion. Parmi les plus connus :
- Bâillements (hors fatigue) : stress léger, besoin de calmer l’environnement.
- Lécher son museau : apaisement, inconfort (Firnkes et al., 2017).
- Regard détourné : volonté d’éviter un conflit.

Se coucher ou s’éloigner doucement
Un chien qui se couche lentement, s’assoit, ou s’éloigne doucement envoie un message clair : « J’ai besoin d’espace ! ».
Ne pas en tenir compte peut entraîner une réaction plus forte.
Les signes de stress, de peur ou d’agacement chez le chien
Halètement, tremblements, fuite ou immobilité
Les signes de stress incluent :
- halètement important (sans chaleur) ;
- tremblements ;
- pupilles dilatées ;
- fuite ;
- immobilité complète (“freeze”) ;
- oreilles plaquées ;
- queue rentrée.
Ces signes sont souvent les premiers avertissements avant que le chien ne réagisse plus fortement, par exemple en fuyant ou en grognant.

Comment réagir face à un chien mal à l’aise ?
- S’éloigner, offrir de l’espace.
- Retirer la pression (visuelle, physique, sonore).
- Ne pas insister pour un contact.
- Parler calmement ou rester silencieux.
- Proposer une alternative (jeu, dispersion de friandises).
- Revenir à la situation plus tard, si nécessaire.
L’objectif est de restaurer un sentiment de contrôle de son environnement, essentiel au bien-être canin.
Apprendre à mieux communiquer avec son chien
Observer sans interpréter trop vite
Les éthologues recommandent une analyse en 2 temps :
- Observer la posture entière.
- Interpréter en fonction du contexte.
Éviter d’interpréter le comportement de votre chien comme s’il s’agissait d’un humain. C’est essentiel ! Un chien qui détourne la tête n’est pas « coupable », il cherche simplement l’apaisement.
Utiliser des signaux clairs, cohérents et bienveillants
Pour une communication efficace, il est conseillé de :
- rester cohérent dans ses gestes et ton de voix ;
- adopter des mouvements calmes ;
- renforcer les bons comportements ;
- éviter les injonctions contradictoires ;
- offrir au chien une possibilité de choix.
En apprenant à décoder les signaux du chien, l’humain renforce la compréhension mutuelle et construit une relation plus stable et plus sereine.
