Comment faire cohabiter un chien et un chat ?

Pour faire cohabiter un chien et un chat, il ne suffit pas de les mettre face à face et de les laisser faire connaissance. Cela peut vite se transformer en une course poursuite (généralement chien après chat !) ponctuée de crachats et de coups de griffes ! Mais heureusement, une cohabitation harmonieuse est possible. Les sciences du comportement animal montrent qu’il faut néanmoins respecter certaines étapes. L’objectif n’est pas simplement que les deux animaux se tolèrent, mais qu’ils puissent se sentir tous les deux en sécurité et évoluer dans un environnement calme et prévisible. En bref, que chacun se sente bien chez soi !

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Le rythme doit dépendre du chat et non du propriétaire. La rapidité n’est pas un indicateur de réussite, ce qui compte, c’est la stabilité émotionnelle de chaque animal.

Est-ce que chiens et chats peuvent vraiment s’entendre ?

De nombreuses études ont observé que chiens et chats peuvent non seulement cohabiter, mais parfois développer de véritables relations amicales. Une publication scientifique révèle que l’un des facteurs les plus importants est l’exposition précoce à l’autre espèce. En d’autres termes, un chien ayant déjà vécu avec des chats sera statistiquement plus détendu lors d’une nouvelle cohabitation, et inversement.

Selon les travaux de John Bradshaw (Université de Bristol, spécialiste du comportement des carnivores domestiques), les interactions interespèces reposent sur la capacité à comprendre les signaux corporels de l’autre. Or, chien et chat ne communiquent pas avec les mêmes codes :

  • remuer la queue signifie (généralement) de la joie chez le chien ;
  • mais de l’irritation chez le chat.

Le malentendu n’est donc pas un problème de nature, mais de langage social. Pour cohabiter ensemble, les deux animaux doivent observer le langage corporel de l’autre : postures, mouvement de queue, distance.

Pourquoi pense-t-on qu’ils ne s’aiment pas ?

La rivalité chien-chat est surtout culturelle. Les dessins animés (Tom & Jerry, Titi et Grosminet) et les films popularisent l’idée d’un duo incompatible. Pourtant, les recherches en comportement montrent que :

  • La domestication et donc l’histoire du chien avec les humains l’a rendu très sociable : il cherche naturellement à créer du lien.
  • Le chat a une capacité d’adaptation plus grande qu’on ne le pense, surtout lorsqu’il a été correctement socialisé.

Selon des études basées sur l’outil C-BARQ (questionnaire utilisé mondialement pour analyser le comportement des chiens), la plupart des conflits ne viennent pas d’une hostilité naturelle, mais :

  • D’une mauvaise gestion de l’environnement.
  • D’un chien trop excitable.
  • D’un chat privé d’échappatoires sécurisées.
Un chien carlin et un chaton se font face sur un canapé.

Existe-t-il des races et des caractères qui favorisent la cohabitation ?

Les données scientifiques ne permettent pas d’affirmer que certaines races de chiens ou de chats sont « compatibles » par nature. Ce qui influence surtout la cohabitation, selon les recherches, c’est le tempérament individuel et non la race.

Les chiens particulièrement réactifs aux stimulations visuelles (certains chiens de chasse, de troupeau) peuvent être plus sensibles au mouvement rapide d’un chat. À l’inverse, un chien calme, curieux et déjà socialisé aura davantage de chances de réussir une cohabitation.

Chez le chat, les individus confiants, ayant connu des chiens jeunes, montrent beaucoup moins d’évitement.

Ce n’est donc pas la race qui compte, mais plutôt :

  • Le niveau de socialisation.
  • La capacité de gestion émotionnelle.
  • L’histoire de vie de chaque animal.

Comment faire la première rencontre entre un chien et un chat ?

Les recherches vétérinaires montrent qu’il ne faut pas voir la rencontre chien-chat comme un moment unique, mais comme un ensemble d’étapes à faire progressivement. Forcer le contact ou « laisser faire » peut-être perçu comme dangereux par le chat, et excitant pour le chien.

La première rencontre doit répondre à 3 principes :

  1. Sécurité : chaque animal doit pouvoir se sentir protégé et avoir une issue pour se retirer à tout moment.
  2. Contrôle : le chien doit rester sous maîtrise (en longe ou tenu calmement) pour éviter tout contact brusque.
  3. Progressivité : on avance étape par étape, en augmentant peu à peu la proximité, sans jamais forcer le contact.

Comment présenter un chien à un chaton ?

Le chaton est souvent plus facile à introduire dans un foyer avec un chien. Car, selon son âge, il peut être encore en période sensible de socialisation (environ jusqu’à 12 semaines). C’est au cours de cette période que son cerveau apprend à catégoriser ce qui est familier ou menaçant.

Quelques règles issues des recommandations du Dr Sophia Yin (vétérinaire comportementaliste spécialisée dans l’éducation positive) et des protocoles utilisés en clinique vétérinaire :

  • Le chien doit être tenu en longe pour éviter tout mouvement brusque.
  • Le chaton doit pouvoir observer à distance, posé dans une pièce où il se sent en sécurité.
  • On associe l’apparition du chien à quelque chose de positif pour le chaton avec : un repas, un jeu, des friandises.

L’objectif n’est pas d’obtenir un contact immédiat, mais une émotion positive.

Avant toute rencontre visuelle, il est bénéfique d’habituer le chien et le chat à l’odeur de l’autre (échange de couvertures, alternance des pièces). L’utilisation de phéromones apaisantes peut aider les deux animaux à se sentir calmes et détendus durant les premières étapes.

Quelles précautions prendre dès les premiers échanges ?

Pour installer les bases d’une relation sereine :

  • Le chien doit être accompagné dans le calme, idéalement assis ou en position calme.
  • Le chat doit toujours avoir la possibilité de se retirer (sur ou sous un meuble, derrière une porte, dans un couloir, etc.).
  • Aucune tentative de contact forcé ne doit être faite.

Le chat doit être observateur actif, pas victime du contact.

Les premiers échanges sont réussis lorsque :

  • Le chat garde une posture détendue (queue relâchée, oreilles droites).
  • Le chien peut regarder le chat sans fixer intensément ni tirer sur la longe.
Un chat est couché dans un escalier en bas duquel se trouve un chien assis qu ile regarde. Une barrière les sépare pour éviter des présentations trop brusques entre les 2.

Combien de temps faut-il aux chiens et aux chats pour s’habituer ?

La science montre que l’adaptation n’a pas de durée universelle.

Selon une étude menée auprès de foyers possédant chien et chat :

  • Certaines cohabitations deviennent harmonieuses en quelques jours.
  • D’autres demandent plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Le rythme doit dépendre du chat et non du propriétaire. La rapidité n’est pas un indicateur de réussite. Ce qui compte, c’est la stabilité émotionnelle de chaque animal.

Acclimater un chat à un chien : étapes et conseils

Lorsqu’un chat arrive dans un foyer où vit déjà un chien, le mot d’ordre est le contrôle de l’environnement. Les chats se sentent en sécurité lorsqu’ils peuvent prévoir ce qui va se passer.

Deux éléments sont essentiels :

  1. La liberté de mouvement.
  2. La présence de zones de refuges.

Laisser le chat explorer à son rythme

Si un chat est stressé, il n’ira pas spontanément vers le chien ni vers la rencontre. Les vétérinaires comportementalistes parlent de locus de contrôle, c’est-à-dire le besoin d’avoir la sensation de maîtriser la situation.

Il est donc important de laisser le chat choisir :

  • Son rythme.
  • Ses zones de sécurité.
  • Ses moments d’observation.

C’est une façon de lui permettre de ne pas vivre la cohabitation comme une intrusion.

Offrir au chat des zones en hauteur et des refuges sécurisants

Les chats utilisent la verticalité pour analyser un environnement. Selon John Bradshaw, la vision panoramique est un élément essentiel du sentiment de sécurité.

Il est donc important d’installer :

  • étagères murales ;
  • arbres à chats ;
  • pièces « interdites au chien ». Le chien doit cependant disposer de toutes ses ressources (jeux, nourriture, couchage) ailleurs et donc ne pas avoir besoin d’accéder à cette pièce.

Ces installations permettent au chat de ne jamais se sentir piégé. Par ailleurs, en installant les coins repas dans des endroits différents : les gamelles propres du chat en hauteur, hors de portée du chien, vous évitez la compétition et renforcez le sentiment de sécurité.

Par ailleurs, le chien ne doit pas avoir accès aux ressources principales du chat (litière, gamelle), car cela augmente l’anxiété et peut créer des tensions.

Un chat est couché tout en haut d'un meuble, il regarde vers le bas. On voit l'ombre de sa tête avec ses oreilles sur le plafond. Êtr en hauteur lui permet de surveiller et de se sentir en sécurité.

Il est essentiel que chacun ait son territoire et puisse circuler librement. Laisser suffisamment d’espace permet d’éviter toute confrontation forcée.

Comment calmer un chien excité face à un chat ?

Certains chiens peuvent se montrer très excités ou stimulés par un chat, surtout s’ils n’ont jamais appris à gérer leur impulsivité. La littérature scientifique en comportement canin (Bradshaw, Sophia Yin, C-BARQ) montre que ce n’est pas l’agressivité qui pose problème dans la majorité des cas, mais la gestion des émotions et de l’énergie.

Reconnaître les signes d’agitation ou de prédation

Avant même que l’excitation ne devienne incontrôlable, certains signaux corporels de la part du chien doivent alerter :

  • Il fixe intensément le chat.
  • Il se positionne avec le corps en avant, les muscles tendus, un arrêt brusque du mouvement (comportement de traque).
  • Il émet des gémissements, son rythme respiratoire s’accélère.
  • Sa queue est haute et immobile (augmentation du niveau d’alerte).

Ces signaux ne sont pas synonymes d’agressivité. Ils montrent simplement que le chien est surstimulé.
Sophia Yin rappelle que l’objectif n’est pas « d’empêcher le chien de regarder », mais d’apprendre au chien à regarder… puis à se désengager.

Techniques pour canaliser son énergie

Les études comportementales montrent que l’apprentissage d’un comportement alternatif est bien plus efficace que l’interdiction.

Quelques exercices issus de protocoles utilisés en rééducation comportementale :

  1. L’apprentissage du « regarde-moi » ou « focus »
    On récompense le chien (friandise posée au sol, voix douce) à chaque fois qu’il détourne son regard du chat pour regarder son humain.
    Cela enseigne au chien qu’il peut se désengager de la stimulation.
  2. Renforcement positif du calme
    Dès que le chien s’assoit, se couche ou détourne le regard du chat, il reçoit une récompense calme (friandise déposée au sol pour éviter la surexcitation).
  3. Enrichissement mental pour fatiguer l’esprit
    L’excitation excessive survient souvent chez les chiens qui manquent de stimulation mentale. Les recherches sur la cognition canine montrent que proposer au chien des jeux du type : tapis de fouille ou de léchage, puzzle alimentaire génère de la fatigue cognitive, qui diminue l’hyperactivité.

L’objectif n’est jamais de punir, mais d’apprendre au chien ce que l’on attend de lui, c’est-à-dire, de rester calme en présence du chat.

Un chien joue avec un jeu éducatif. Il pose sa patte dessus pour enlever des petits obstacles et accéder à des croquettes cachées dedans. Cette stimulation permet de dépenser mentalement l'animal et d'éviter les agressions envers le chat.

Comment favoriser une cohabitation harmonieuse au quotidien ?

Une fois l’étape de l’intégration passée, l’harmonie quotidienne repose surtout sur l’organisation du foyer. Les recommandations de la littérature scientifique sont très claires : pour éviter les conflits, il faut préserver les ressources de chaque animal (gamelles, couchage, zones de repos). Mais il faut aussi garder à l’esprit que plus les interactions sont courtes et positives, plus les animaux seront calmes et détendus l’un en présence de l’autre.

Respecter les espaces, les rythmes et les besoins de chaque animal

Chien et chat restent opposés sur un point : leurs rythmes biologiques !

  • Le chien fonctionne sur des cycles de veille/repos calqués sur les humains.
  • Le chat, lui, alterne de nombreux microcycles de repos et d’éveil.

Selon les recherches de John Bradshaw, la stabilité émotionnelle du chat dépend fortement de :

  • La prévisibilité de l’environnement, c’est-à-dire le fait que le chat puisse anticiper ce qui va se passer : les horaires des repas, l’absence de surprises soudaines, comme un chien qui surgit dans son espace.
  • L’accès aux ressources sans compétition (nourriture, eau, litière, couchage).

Cela se traduit par quelques règles simples :

  • Les gamelles doivent être dans des zones séparées et inaccessibles pour le chien.
  • La litière doit se trouver aussi se trouver dans un lieu toujours accessible au chat mais inaccessible au chien.
  • Les zones de repos doivent être distinctes et respectées.

En clair, le chat doit pouvoir s’isoler quand il en ressent le besoin et le chien doit pouvoir se détendre sans être stimulé.

Stimuler les deux animaux pour éviter tensions et « jalousies »

L’ennui est un facteur de tension majeur dans les relations inter-espèces.
De nombreuses études sur l’enrichissement environnemental montrent que l’activation mentale réduit considérablement les comportements indésirables.

Quelques pistes simples :

  • Proposer au chien des activités olfactives (recherche de friandises, balade exploratoire).
  • Offrir au chat des séances de jeu à heure régulière (plumeau, laser, proie à attraper).
  • Maintenir des rituels individuels avec chaque animal pour éviter la « jalousie ».

Lorsque chaque animal reçoit du temps de qualité, la relation devient plus fluide et l’attention se partage naturellement.

En respectant le rythme de chacun et en aménageant un environnement serein, chien et chat peuvent non seulement cohabiter, mais aussi construire une relation équilibrée et apaisée.

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