Les besoins en énergie d’un chiot sont élevés, bien plus qu’à l’âge adulte. Et pour cause : 50% de ce qu’il consomme sert à sa croissance. Le calcium et les vitamines, quant à eux, sont essentiels pour la construction de son organisme
Dr Marine Delmer
Pourquoi une bonne alimentation est essentielle ?
Le chiot n’est pas un « petit adulte ». C’est un animal en pleine croissance qui a des besoins nutritionnels spécifiques.
Chez les grandes races, cette phase est encore plus cruciale : la croissance est très rapide. À 6 mois, le chiot a presque sa taille adulte. Mais leur squelette reste fragile plus longtemps que les petites races, et les déséquilibres nutritionnels ou énergétiques peuvent donner lieu à des troubles orthopédiques qui les suivront à l’âge adulte.
Les besoins nutritionnels de votre chiot
On a tendance à penser qu’une bonne ration c’est une recette bien précise avec des proportions spécifiques en protéines, lipides, glucides ou acides gras. Le tout pensé pour une croissance du chiot optimale.
C’est vrai, mais ce qui compte vraiment dans sa ration journalière c’est surtout l’apport en énergie (calories), minéraux (calcium, phosphore) et vitamines.
Par exemple, les besoins en énergie d’un chiot sont élevés, bien plus qu’à l’âge adulte. Et pour cause : 50% de ce qu’il consomme sert à sa croissance. Le calcium et les vitamines, quant à eux, sont essentiels pour la construction de son organisme.
Mais, étonnamment, un défaut tout comme un excès sont délétères pour un bon développement.
Les dangers d’une alimentation inadaptée
On a tendance à penser qu’un chiot rondelet est un signe de bonne santé. Rien ne saurait être plus éloigné de la réalité.
Un excès d’énergie va entraîner un surpoids. Ses articulations fragiles n’étant pas en mesure de gérer cette surcharge pondérale, le squelette se modifie et des troubles articulaires graves peuvent apparaître tels que la dysplasie des coudes ou des hanches.
En ce qui concerne les minéraux et vitamines, un déséquilibre entraîne des maladies de croissance douloureuses telles que l’ostéodystrophie hypertrophique (inflammation des os en croissance pouvant aboutir à une déformation irréversible), l’ostéochondrite disséquante (lésion du cartilage articulaire suite à un traumatisme de l’os sous ledit cartilage), une panostéite (inflammation temporaire des os longs causant des boiteries de croissance) ou même un syndrome de radius curvus (déformation des os des membres antérieurs).
Là où certaines se traiteront avec un simple traitement médical, d’autres nécessiteront une intervention chirurgicale onéreuse.
On comprend donc que choisir une alimentation non destinée aux chiots, ou pire, une alimentation de mauvaise qualité, revient à prendre des risques.
Quelle nourriture pour chiot choisir ?
Alimentation industrielle
Que cela soit l’alimentation sèche (croquettes) ou l’alimentation humide (pâtée), si ce sont des gammes pour la croissance, elles ont l’obligation de répondre aux besoins d’un chiot en croissance.
Toutefois les qualités nutritionnelles ne sont pas toutes identiques. Là où les grandes marques vétérinaires offrent des formules rigoureusement équilibrées, d’autres marques sont disponibles sur le marché. Pour trouver les aliments adaptés à votre chiot, regardez bien le descriptif du produit sur lequel doit être indiqué “pour chiot” ou “croissance” et, au besoin, rapprochez-vous de votre vétérinaire.
En général, l’éleveur vous fournit une petite quantité de l’aliment qu’il a utilisé pour préparer le sevrage et nourrir la portée. Vous pouvez le poursuivre à la maison ou opter pour un nouvel aliment. Dans ce dernier cas, pensez à faire une transition alimentaire : mélangez les deux aliments pendant plusieurs jours pour aider son système digestif à s’adapter.
Ensuite, chaque mois, vérifiez bien les quantités que vous devez donner à votre chiot sur le tableau présent sur le paquet. Vous verrez qu’elles augmenteront chaque mois jusqu’à un plateau.
Si la ration est trop grosse, n’hésitez pas à la couper en plusieurs portions et faire plusieurs repas par jour.
Alimentation crue
De plus en plus de propriétaires s’orientent vers une alimentation « crue » (BARF ou “raw diet”) pour leur chien, au motif de revenir à des modalités « naturelles » à base de viande crue ou vers une alimentation maison.
Si cette approche peut convenir à un adulte, elle devient très risquée pour un chiot en croissance.
Le problème de la ration ménagère est que son équilibrage est délicat et les carences très courantes. Opter pour ce type d’alimentation pendant la période de croissance de son animal de compagnie est vivement déconseillé.
Une fois le chien adulte, libre à vous de choisir son alimentation en prenant conseil auprès d’un professionnel pour s’assurer le bon équilibre de sa ration.
Et pour le lait ?
Votre chiot a été sevré vers l’âge de 6 semaines. Depuis, il ne digère plus le lait. Lui en proposer ne sert pas vraiment ses intérêts, cela peut même provoquer des diarrhées.
En revanche, veillez à lui laisser de l’eau propre à disposition et à volonté. Même si vous faites le choix d’un aliment humide.
Bonus : pourquoi mon chiot mange ses crottes ?
On parle de « coprophagie ». L’explication se trouve dans le fait que son estomac n’est pas suffisamment grand pour obtenir toute l’énergie dont votre chiot a besoin. Il part alors à la recherche d’une source d’énergie riche : ses crottes.
Ce comportement alimentaire doit disparaître au fur et à mesure de la croissance. Si ce n’est pas le cas, ajouter un peu d’ananas dans sa gamelle pour le stopper.
6 conseils pratiques pour bien nourrir un chiot
- Choisir une alimentation “croissance / chiot” adaptée en fonction de la race.
- Si vous avez une grande race, vérifier que cela soit bien mentionné sur le paquet.
- Respecter le dosage recommandé.
- Veiller à la prise de poids : le chiot doit être « maigre à idéal » plutôt que gros.
- Ne pas rajouter de calcium ou de minéraux sans avis vétérinaire, vous risqueriez un déséquilibre.
- Suivre sa courbe de poids.
Ainsi, l’alimentation du chiot est un pilier fondamental pour sa santé future. Une nutrition saine et bien pensée dès le départ permet de construire les bases d’un organisme sain et d’éviter certains troubles orthopédiques. N’hésitez pas à consulter votre vétérinaire pour choisir le bon produit et adapter l’alimentation au fil de la croissance de votre animal.
Sources :
- Larsen J.A., Feeding Large-Breed Puppies, Compendium: Continuing Education for Veterinarians, 2010
- Kane E., Developmental orthopedic disease in large-breed puppies, 2013 (lien : https://www.dvm360.com/view/developmental‐orthopedic‐disease‐in‐large‐breed‐puppies)
- Montgomery RD., Juvenile bone and joint diseases: large dogs front leg, 2011 (lien : https://www.dvm360.com/view/juvenile-bone-and-joint-diseases-large-dogs-front-leg-proceedings)
- Debraykeleer J., Gross K.L., Zicker, S.C., (2010). Feeding growing puppies: Postweaning to adulthood., in Small animal clinical nutrition (5ᵉ éd., pp. 311-319)
- Grünberg W., Disorders associated with calcium, phosphorus, and vitamin D in dogs, 2024 (link : https://www.merckvetmanual.com/dog-owners/bone-joint-and-muscle-disorders-of-dogs/disorders-associated-with-calcium-phosphorus-and-vitamin-d-in-dogs)
