Les périodes de chaleur chez la chienne

La période des chaleurs chez la chienne est une étape clé de sa reproduction. Comprendre le cycle, ses signes visibles, son impact sur le comportement et les solutions, comme la stérilisation aide à mieux accompagner sa femelle au quotidien.

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En moyenne, les chaleurs durent 3 semaines. Elles reviennent tous les 6 à 8 mois selon les individus

À quel âge commencent les premières chaleurs ?

Âge moyen selon la race et la taille de la chienne

Les premières chaleurs (parfois appelées « premières règles ») apparaissent, généralement, entre 6 et 12 mois. Toutefois, cet âge varie en fonction de la taille et de la race :

  • Les petites races (comme le yorkshire ou le chihuahua) connaissent souvent leurs chaleurs plus tôt, c’est-à-dire dès 6 à 8 mois.
  • Les races moyennes démarrent en moyenne autour de 9 à 12 mois.
  • Les grandes races et les races dites géantes (dogue allemand, saint-bernard) peuvent n’avoir leurs premières chaleurs qu’à 18, voire 24 mois.

Ce décalage s’explique par la maturation hormonale qui est plus lente chez les chiennes de grande taille. Mais, chaque femelle étant unique, un suivi vétérinaire permet de confirmer que tout se déroule normalement.

Comment reconnaître les premières chaleurs ?

Les premiers signes sont généralement visibles. On peut constater :

  • Un léger gonflement de la vulve.
  • Des pertes de sang (de petites gouttes ou taches rouges sur le sol).
  • Un changement de comportement, comme une chienne plus câline, plus agitée ou au contraire plus distante.

Ces saignements durent en moyenne une dizaine de jours, mais leur intensité varie d’une chienne à l’autre.

Portrait d'une chienne golden retriever allongé sur les jambes de sa propriétaire

Comment fonctionne le cycle des chaleurs ?

Les différentes phases : pro-œstrus, œstrus, metœstrus, anœstrus

Il faut savoir que le cycle reproductif de la chienne est composé de 4 phases, elles-mêmes régulées par les hormones sexuelles. On distingue ainsi :

  • Le proœstrus (dure 7 à 10 jours). Il se caractérise par des pertes de sang visibles, une attirance des mâles, mais un refus de saillie de la part de la femelle.
  • L’œstrus (5 à 15 jours). Il correspond à la période de fertilité et d’ovulation. C’est à ce moment que la chienne accepte l’accouplement. Au cours de cette phase, les pertes deviennent plus claires.
  • Le metœstrus (2 mois environ). C’est la phase qui suit l’ovulation. Si une gestation a lieu, un embryon s’implante dans l’utérus et la femelle devient gestante (enceinte). S’il n’y a pas d’embryon, il n’y a donc pas de gestation, mais la chienne peut tout de même présenter une pseudogestation (ou grossesse nerveuse) due aux variations hormonales de cette phase.
  • L’anœstrus (3 à 6 mois). Il s’agit de la période de repos reproductif au cours de laquelle il n’y a ni chaleurs ni ovulation.

C’est cette alternance de phases qui explique pourquoi les chaleurs reviennent en moyenne 2 fois par an, avec parfois une influence des saisons. En effet, beaucoup de femelles présentent leurs chaleurs au début du printemps ou en automne.

Combien de temps durent les chaleurs ? À quelle fréquence reviennent-elles ?

En moyenne, les chaleurs durent 3 semaines. Elles reviennent tous les 6 à 8 mois selon les individus. Néanmoins, il faut savoir que les petites races ont souvent un cycle plus rapproché, ce qui peut leur donner 2 à 3 périodes de chaleurs par an.

À l’inverse, les grandes races ont des cycles plus espacés et peuvent n’avoir qu’1 seule période de chaleurs annuelle. 

Quels sont les signes visibles chez une chienne en chaleur ?


Les changements comportementaux et physiques

Durant cette période, le comportement peut changer. Certaines femelles deviennent plus affectueuses, recherchent le contact, alors que d’autres semblent plus irritables ou anxieuses. Il n’est pas rare de constater une fugue ou une attirance forte pour les chiens mâles du voisinage.

D’un point de vue physique, on observe :

  • Un gonflement de la vulve.
  • Des pertes de sang ou pertes brunâtres.
  • Une augmentation des mictions. La chienne urine plus souvent pour diffuser ses phéromones.

Les pertes de sang sont-elles normales ?

Oui, la perte de sang est un signe normal du pro-œstrus et sa quantité peut varier selon les individus. Alors que certaines chiennes saignent beaucoup, d’autres auront peu de saignements, au point, parfois, de passer inaperçus.

Néanmoins, plusieurs choses doivent vous alerter concernant ces pertes de sang :

  • Un changement soudain de leur l’intensité.
  • Une mauvaise odeur.
  • La présence de pus qui peut indiquer une infection, comme un pyomètre (infection de l’utérus).

Comment gérer les chaleurs au quotidien ?


Conseils pour protéger votre intérieur

Pour éviter les taches liées aux saignements, il existe plusieurs solutions :

  • Les culottes de protection pour chienne, lavables ou jetables.
  • L’installation de tapis lavables ou serviettes dans ses zones de repos.
  • Le nettoyage plus fréquent du couchage de votre animal.

Cela permet de garder un intérieur propre sans limiter les allées et venues de l’animal.

Chienne bouledogue avec une culotte de protection lavable

Promenades, interactions avec les mâles et précautions à prendre

Il va sans dire, pendant les chaleurs, les balades avec votre chienne se feront avec moins de quiétude ! Risque de fugue, attirance des mâles, il vous faudra faire preuve d’une vigilance accrue :

  • Promenez votre chienne en la tenant en laisse pour éviter toute saillie non désirée.
  • Privilégiez les heures calmes pour réduire les interactions avec les chiens mâles.
  • Évitez les parcs canins ou lieux trop fréquentés par des mâles entiers.
  • Gardez toujours un œil sur votre chienne afin d’éviter toute tentative de fugue. Eh oui, l’instinct reproductif est plus fort que tout durant cette période !

En clair, sécurité et anticipation seront les maîtres-mots de cette période !

Faut-il stériliser sa chienne pour éviter les chaleurs ?

Certaines études (ex. Hoffman et al. 2013) suggèrent que les chiens stérilisés peuvent bénéficier d’une espérance de vie accrue, mais ce résultat dépend fortement de la race, de l’âge de l’opération, de la génétique et d’autres facteurs. L’augmentation de l’espérance de vie grâce à la stérilisation n’est pas une garantie absolue. 

Avantages et inconvénients de la stérilisation

Pour rappel, la stérilisation consiste à retirer les ovaires (ovariectomie) ou les ovaires et l’utérus (ovariohystérectomie). Elle met fin aux chaleurs et empêche ainsi toute gestation.

Les avantages :

  • Plus de chaleurs, plus de saignements. Fini les culottes de protection et les précautions à chaque cycle.
  • Pas de gestation non désirée.
  • Moins de risques de tumeurs mammaires. Si l’opération est réalisée avant les deuxièmes chaleurs, la probabilité de cancers mammaires chute drastiquement (Hoffman et al., 2013).
  • Protection contre le pyomètre. Cette infection grave et fréquente de l’utérus peut s’avérer mortelle sans une chirurgie d’urgence. La stérilisation élimine totalement ce risque.
  • Baisse du risque de maladies infectieuses (ex. : pyomètre) ou traumatiques. L’espérance de vie des animaux stérilisés est parfois supérieure à celle des animaux non stérilisés.

Les inconvénients possibles :

  • Risques articulaires chez les grandes races. Si la stérilisation est faite trop tôt (c’est-à-dire avant 6 ou 12 mois), certaines grandes races présentent plus de dysplasies (anomalies de développement de la hanche ou du coude) et de ruptures du ligament croisé (équivalent d’une grave blessure du genou chez l’humain) (Hart 2014, 2020 ; synthèse Edimark 2022).
  • Cancers et maladies du système immunitaire. Certaines études suggèrent une augmentation du risque de lymphosarcome (cancer des cellules immunitaires), d’hémangiosarcome (tumeur agressive des vaisseaux sanguins) et de maladies auto-immunes (pathologie dans laquelle le corps s’attaque lui-même) après la stérilisation (Sundburg 2016 ; Edimark 2022).
  • Incontinence urinaire. Une perte involontaire d’urine peut apparaître chez certaines femelles, surtout chez les grandes races et si l’opération est réalisée très jeune (avant 6-12 mois selon la race). Après 12 mois, pour la plupart des races, le risque d’incontinence diminue significativement (Pegram 2019).
  • Prise de poids et métabolisme ralenti. La stérilisation entraîne une baisse des besoins énergétiques des chiens, généralement estimée entre 20 % et 30 %. Cette réduction est due à des changements hormonaux qui ralentissent le métabolisme et peuvent augmenter l’appétit de l’animal. Sans ajustement alimentaire, cela peut conduire à une prise de poids significative.
  • Comportement. La stérilisation réduit généralement la recherche de mâles, les fugues et le marquage urinaire. En revanche, ses effets sur l’agressivité ou l’anxiété restent variables selon les individus (Farhoody 2018).

Vous l’aurez donc compris, le choix de la stérilisation de votre chienne doit être discuté avec votre vétérinaire selon l’âge, la race et le mode de vie de votre chienne.

Un vétérinaire pose les mains autour d'un chien corgi pembroke

Le bon moment pour envisager cette opération

Décider quand stériliser sa chienne n’est pas simple : il n’existe pas d’âge universel valable pour toutes les races. La bonne période dépend de sa taille, de sa race, de sa croissance et de sa santé.

Les études récentes, notamment Hart et al. (2024), montrent que stériliser trop tôt ou trop tard peut présenter des risques, en particulier concernant les cancers hormonodépendants et les troubles articulaires.

  • Petites races (<10 kg, ex. chihuahua, yorkshire, teckel) : stérilisation possible après la puberté, vers 6 à 12 mois, car leurs os et articulations sont déjà bien développés.

  • Races moyennes (10–25 kg, ex. beagle, cocker, bulldog français). L’âge recommandé se situe autour de 12 à 18 mois.

  • Grandes races (25–45 kg, ex. labrador, golden retriever, berger allemand). Il est préférable d’attendre 18 à 24 mois pour que la croissance osseuse soit terminée. Stériliser trop tôt chez les grandes races peut augmenter le risque de troubles articulaires, comme la dysplasie de la hanche ou du coude, et de certains cancers hormonodépendants, malgré la diminution du risque de tumeurs mammaires.
  • Très grandes races (>45 kg, ex. dogue allemand, terre-neuve, mastiff). Il est préférable d’attendre 24 à 30 mois, le temps que la croissance osseuse et musculaire soit complète.

Par ailleurs, après l’opération, il est essentiel d’adapter l’alimentation et l’activité physique, car les chiens stérilisés ont généralement besoin de moins de calories et ont plus d’appétit. Sans ajustement, ils risquent de prendre du poids, ce qui peut nuire à leurs articulations et à leur santé globale.

En résumé, le moment idéal pour stériliser une chienne doit être choisi au cas par cas, en concertation avec votre vétérinaire. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre la prévention des maladies, le maintien d’une bonne santé globale, tout en tenant compte des particularités de chaque race.

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