Avis d'expert :

Quel est le rôle de l’éducateur canin ?

Réfléchir à l’éducation de son chiot, c’est lui offrir toutes les chances de devenir un adulte équilibré, bien dans ses pattes, pour partager la relation harmonieuse que l’on a rêvé de vivre avec lui.  C’est aussi se faire bien accompagner, dès le début, par des professionnels de confiance.

- Avec : Nina Mosny
17 min de lecture

L’objectif premier de l’éducateur canin est d’accompagner le chiot et sa famille dans les situations réelles du quotidien, là où se construisent la confiance, la sécurité et les apprentissages durables

Nina Mosny

Accueillir un chiot, c’est à la fois se préparer à ouvrir son cœur, sa maison et c’est aussi accompagner un individu sensible, avec son tempérament, ses émotions et ses besoins.
Le rôle de l’éleveur et celui de l’éducateur se complètent : l’un impose et construit les premières bases, l’autre accompagne dans la continuité.

Avant l’éducateur, le choix de l’éleveur 

Accueillir un chiot dans sa famille est donc, évidemment, une étape enthousiasmante ! C’est aussi un engagement sur le long terme. Le choix d’un bon élevage éthique est essentiel : tout commence là. 

Sélection génétique, qualité de vie des parents, socialisation précoce menée par l’éleveur sont autant de fondations qui conditionnent l’équilibre futur du chiot.

Dès l’âge de 3 semaines, le chiot entre dans la phase dite de socialisation qui s’achèvera aux alentours de 3,5 mois. Entre 3 et 8 semaines, il vit encore à l’élevage et découvre son environnement, ses congénères, les humains et toutes les premières expériences qui construiront son tempérament.
Cette étape, quand elle est menée « aux petits oignons », permet d’éveiller sa curiosité, de développer sa confiance et d’apprendre les premiers codes de communication.

Ce n’est qu’un début.

Pourquoi être accompagné par un éducateur canin ?

Dès son arrivée dans sa nouvelle famille, le chiot a besoin d’une continuité éducative. Avec l’aide d’un professionnel formé aux approches modernes et respectueuses, cet accompagnement à la parentalité animale aide les familles à comprendre leur chiot, à répondre à ses besoins et à prévenir les difficultés futures.

Choisir un éducateur canin de confiance, avec une approche fondée sur des connaissances scientifiques et éthologiques à jour, est aussi primordial que le choix de l’éleveur. C’est lui qui saura conseiller les bonnes pratiques dès le départ et installer des routines rassurantes.

Cet accompagnement a ainsi vocation à permettre à l’animal de trouver sereinement sa place dans la famille, à anticiper l’apparition de comportements gênants, tels que le tirage en laisse, les mordillements, l’acquisition tardive de la propreté ou encore les troubles de la séparation et de la solitude.

Ces premiers apprentissages ne sont pas instinctifs ; comme pour un enfant, le chiot traverse des phases sensibles, jalonnées d’étapes fondamentales qui, faute d’accompagnement, peuvent être manquées. 

L’éducateur canin devient alors un repère essentiel, un facilitateur de la relation en accompagnant la famille vers une meilleure compréhension de son compagnon et en lui permettant d’instaurer des routines adaptées, respectueuses des besoins et du langage de son chien, parfois difficile à interpréter. Par exemple : pourquoi le chien se cache-t-il derrière le canapé pour uriner ? Pourquoi le chiot continue-t-il à mordiller chaque jour de plus en plus fort les mollets des enfants ? Pourquoi le chiot saute-t-il sur les invités ?

Chien assis et caressé par sa propriétaire accroupie face à lui

Comment se déroule l’accompagnement avec l’éducateur canin ?

Les premiers échanges à distance

L’accompagnement éducatif commence toujours par un premier échange. Celui-ci peut s’appuyer sur des vidéos envoyées, en amont, à l’éducateur-comportementaliste, afin d’obtenir déjà de premières observations sans mettre le chiot en difficulté au moment du rendez-vous.

Comme on a tendance à souvent le répéter dans le métier, on n’a pas 2 fois l’occasion de faire bonne impression à un chien et la consultation initiale avec le professionnel ne sera, en aucun cas, l’occasion de volontairement mettre le chien en situation d’inconfort. Les vidéos capturées par la famille dans le cadre ordinaire de sa vie quotidienne ont vocation à éviter cela au maximum.

La rencontre avec l’éducateur canin

Vient ensuite un entretien en présence de la famille et du chiot. L’éducateur prend le temps d’observer l’animal dans son environnement, puis de comprendre le mode de vie de la famille, ses attentes, ses habitudes et ses contraintes. C’est aussi un moment privilégié pour répondre aux questions d’ordre général, expliquer les besoins fondamentaux du chien et recueillir les remarques de chacun.

Un accompagnement adapté

À partir de là, un accompagnement progressif est proposé. Les objectifs sont fixés de manière réaliste, en fonction de ce que le chiot sait déjà faire de son tempérament, mais aussi de sa race et de sa lignée qui influencent ses besoins (activité, énergie, besoins spécifiques, etc.). L’éducateur veille à ce que les objectifs restent atteignables et respectueux du rythme du chiot.

Le travail consiste ensuite à rapprocher les besoins du chien et ceux de la famille. Comme 2 cercles qui se rejoignent progressivement, l’accompagnement cherche à créer un équilibre : répondre aux attentes de l’humain tout en respectant la nature et les besoins profonds du chien. C’est ce chemin commun qui permettra de bâtir une relation harmonieuse et durable.

Qu’est-ce que l’éducation canine bienveillante ?

L’éducation canine, telle que nous la concevons aujourd’hui, dépasse largement l’idée de « dresser » un chien à obéir. Elle consiste à accompagner un individu sensible dans son développement, à favoriser son équilibre émotionnel et à lui donner les clés pour vivre sereinement dans notre société humaine.

Les objectifs de l’éducation canine bienveillante

Les objectifs sont multiples : construire une relation de confiance et de complicité, permettre au chien d’acquérir des repères clairs et rassurants, encourager son autonomie et sa capacité à faire de bons choix, autant que garantir sa sécurité comme celle de son entourage :

  • apprendre à marcher en laisse sans tension et percevoir l’attache comme un lien et non une entrave ;
  • faire ses besoins en extérieur ;
  • profiter de sa liberté en balade, pour renifler calmement et revenir spontanément auprès de son humain, sans peur ni crainte ou quand on l’appelle ; 
  • observer ce qu’il se passe autour de lui et décrocher facilement son attention des stimuli du monde qui l’entoure ;

La différence avec les méthodes coercitives

Au fil du temps, différentes écoles d’éducation canine se sont ainsi développées. Les approches coercitives, dites « classiques » et souvent autoproclamées « traditionnelles » reposent principalement sur l’idée que l’humain doit contrôler son chien par la contrainte et la crainte. Elles consistent à corriger les comportements jugés indésirables par l’application de punitions, de gestes impressionnants ou de manipulations physiques. On y retrouve par exemple :

  • les saccades sur la longe ou le collier ;
  • les jets d’objets (ex. : canettes) pour surprendre et faire peur ;
  • les immersions forcées dans des situations stressantes, sans considération pour ce que le chien peut réellement endurer ;

Il est parfois difficile de les identifier comme coercitives, car certaines se présentent sous des formes plus « modernes », en combinant contrainte et récompense. On parle alors de méthodes dites « tradis-bonbons » : un coup, le chien subit une saccade ou une pression ; l’instant d’après, s’il exécute le comportement attendu, il reçoit une friandise. Cette alternance entretient la confusion, mais repose toujours sur une logique de contrôle et d’inconfort avant de récompenser.

Le choix de l’éducation positive

À l’inverse, ce que l’on appelle aujourd’hui les approches modernes ne se résume pas à une « méthode » unique. Ce sont des philosophies éducatives fondées sur les connaissances scientifiques actuelles, constamment mises à jour au rythme des avancées en éthologie et en apprentissage. Elles reconnaissent que nous en apprenons chaque jour davantage sur le chien, et qu’un éducateur doit entretenir et et continuer d’enrichir perpétuellement ses connaissances.  

Ces approches s’inscrivent aussi dans une vision plus holistique, qui prend en compte le chien, ses émotions, ses limites, son rythme, mais aussi l’humain qui l’accompagne. Elles admettent que, parfois, progresser demande du temps et qu’il est nécessaire d’avancer pas à pas. L’éducateur analyse, observe et individualise en considérant que tous les chiens ne suivent pas le même parcours ni les mêmes exigences. Chaque binôme humain-chien avance selon ses propres capacités, avec des objectifs ajustés et une progression respectueuse du rythme de chacun.

Il est important de comprendre que, sur le fond, toutes les familles et tous les éducateurs s’accordent sur certains points : un chien a besoin d’un cadre structurant, de repères clairs et d’une éducation cohérente. Mais les moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif varient selon les approches éducatives. Certains privilégient la contrainte et le contrôle, d’autres misent sur la coopération, l’observation et le renforcement positif.

C’est un peu comme à l’école où, en fin de CP, tous les enfants finissent par apprendre à lire. Ce qui fait vraiment la différence, cependant, c’est la manière dont on leur transmet ce savoir. Certains enfants sauront lire, mais auront appris à ne pas y prendre de plaisir, percevant la lecture et tout ce qui se rapporte aux nouvelles connaissances comme une corvée. D’autres deviendront des lecteurs enthousiastes, curieux, qui auront envie de continuer à apprendre toute leur vie. Avec un chien, c’est sensiblement la même chose  et on s’accordera sur le fait qu’au-delà du résultat, c’est la façon d’y parvenir qui construit la relation future.

C’est pourquoi, en tant que famille, il est essentiel de garder son libre arbitre. On ne doit pas se voir imposer des méthodes ou des philosophies éducatives qui ne correspondent pas à ses valeurs ni à la relation que l’on souhaite construire avec son chien. Le choix d’un éducateur canin doit avant tout reposer sur la confiance, le partage de valeurs et la cohérence avec ce que vous voulez vivre avec votre compagnon.

Pourquoi un accompagnement avec un éducateur canin permet de prévenir les difficultés ?

Un accompagnement adapté précoce permet d’anticiper de nombreuses problématiques.
C’est le rôle de l’éducateur canin de conseiller la famille, de donner les bonnes pratiques et de construire un parcours éducatif sur mesure pour chaque chiot. 

Ce choix de travailler dès le départ sur des points essentiels, comme la séparation, la solitude ou la protection des ressources, correspond à l’approche d’un éducateur formé aux méthodes modernes et scientifiques. Il cherche, avant tout, à prévenir les difficultés en respectant les besoins émotionnels et cognitifs du chien.

Des conseils concrets et adaptés au chiot et à la vie quotidienne

Un éducateur, tel qu’on vous le recommande, ne vous proposera pas un « cours » sur un terrain, à faire un assis ou marcher en laisse, collé à la jambe, dans un environnement perturbé et entouré de nombreux congénères. 

Au contraire, son objectif premier est d’abord d’accompagner le chiot et sa famille dans les situations réelles du quotidien, là où se construisent la confiance, la sécurité et les apprentissages durables.
C’est, en revanche, bien la responsabilité de la famille de demander à l’éducateur canin sa stratégie éducative et la progressivité qu’il envisage pour le chien.

Parmi les objectifs essentiels et les apprentissages fondamentaux, on retrouve, par exemple :

  • La séparation et la solitude, pour aider le chiot à construire progressivement sa sécurité émotionnelle en évitant anxiété et détresse.
  • La protection de ressources, afin de mettre en place dès l’arrivée les bons conseils pour éviter le besoin de garder et de protéger de manière exagérée (alimentation, jouets, espaces, personnes, etc).
  • La propreté et comment accompagner le chiot pour qu’il apprenne à se retenir, à demander et à préférer faire ses besoins en extérieur.
  • La socialisation continue, en proposant des expériences vécues par le chiot comme positives et à son rythme.
  • La liberté en sécurité, en lui offrant la possibilité d’explorer et de se mouvoir librement dans un cadre rassurant.
  • La lecture de ses émotions, en enseignant aux familles comment observer leur chien et reconnaître ses signaux de communication pour comprendre qui il est et pourquoi il propose certains comportements.
Portrait d'un chien assis sur une plage, gueule ouverte

Des conseils pour construire une connexion forte dès le départ

Au-delà des apprentissages pratiques, l’éducation accompagnée d’un professionnel vise donc à bâtir une relation de confiance.
Ce lien repose sur trois piliers : la sécurité, la complicité et la réciprocité.

Le chiot doit avant tout se sentir en sécurité auprès de son humain. Cela passe par des manipulations douces, des expériences sociales positives et des explorations libres. Chaque moment partagé nourrit cette confiance et consolide le lien. Le chiot apprend ainsi et à enfiler un collier ou un harnais sans reculer ou fuir,

La complicité devient visible et, en balade, le chiot se retourne régulièrement vers son humain comme pour vérifier « tu es bien là ? »

La réciprocité quand l’humain propose de vraies pauses olfactives lors d’une sortie en extérieur ou quand il adapte son comportement aux signaux d’inconfort qu’il peut observer chez son chien (se détourner, se lécher les babines ou bâiller).

Le rôle de l’éducateur canin : faciliter la relation ?

Faire appel à un professionnel permet d’éviter bien des écueils. Son rôle est d’observer, d’expliquer et de guider. Il aide les familles à comprendre leur chiot, à décrypter ses émotions et à mettre en place des pratiques adaptées. 

La progression sur mesure de chaque binôme se construit donc dès le départ grâce à des conseils et des bases éducatives fondamentales, dites « socles ». C’est pourquoi le choix de ce professionnel est déterminant. Il doit être une personne avec laquelle on se sent à l’aise, en confiance, et surtout alignée sur les valeurs éducatives. 

L’humain reste toujours le coéducateur de son chien. Il lui appartient aussi d’évaluer la relation qui se crée avec le professionnel et de rester garant du bien-être de son compagnon.

Accompagner un chiot, c’est donc entrer dans une véritable démarche de parentalité animale où on ne transfère pas la responsabilité éducative de son chiot à un autre.

 C’est un engagement affectif et éducatif à long terme, où la famille et le chien avancent ensemble, soutenus par un guide de confiance. Cet éducateur distillera des conseils et des entraînements sur mesure, pour permettre au chien de se développer harmonieusement, d’être à l’écoute de son humain et aussi capable, par lui-même, de faire les bons choix dans son quotidien.

Vlanina Mosny
Éducateur comportementaliste canin
CANIS DEI

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