Le tube digestif du chien abrite un microbiote complexe et fragile. Un changement trop rapide peut bouleverser cet équilibre
Pourquoi une transition alimentaire est-elle nécessaire ?
Modifier brutalement le régime alimentaire de votre chien peut lui causer de sérieux problèmes digestifs. La transition alimentaire lui permet de s’adapter progressivement à la nouvelle composition de ses croquettes.
Éviter les troubles digestifs et respecter l’équilibre intestinal
Le tube digestif du chien abrite un microbiote complexe et fragile, composé de milliards de bactéries. Celles-ci jouent un rôle fondamental dans la digestion, l’immunité et le bien-être global. Un changement trop rapide peut bouleverser cet équilibre et provoquer les symptômes suivants :
- Des diarrhées, des vomissements ou des flatulences.
- Une perte d’appétit ou un refus de s’alimenter.
Une transition progressive préserve cet écosystème, tout en limitant les risques d’inconfort.
Adapter les croquettes à l’âge, à l’état de santé ou à l’activité du chien
Les besoins nutritionnels dépendent de nombreux facteurs. Voici quelques clés pour décrypter ces derniers :
- L’âge
Un chiot en croissance a des besoins énergétiques très élevés. Et pour cause, il doit construire ses muscles, ses os et développer son cerveau ! Son alimentation doit donc être riche en protéines animales de qualité, en calcium et phosphore (pour les os) et en acides gras essentiels (comme les oméga-3, pour le cerveau et la peau).
À l’inverse, un chien senior (généralement à partir de 7–8 ans) a besoin de croquettes plus digestes, moins caloriques, et enrichies en antioxydants (pour lutter contre le vieillissement cellulaire), fibres (pour le transit) et nutriments soutenant les reins et articulations.

- L’état physiologique
Certains états de santé ou situations hormonales modifient profondément les besoins.
En cas de maigreur, le chien aura besoin de croquettes très énergétiques, appétentes et faciles à digérer.
En cas d’obésité, l’objectif sera de réduire les calories tout en garantissant une bonne satiété (sensation de rassasiement), grâce à une alimentation plus riche en fibres et protéines.
Lors de gestation ou lactation, les besoins explosent : une chienne gestante ou allaitante doit consommer plus de protéines, de calcium et d’acides gras essentiels pour soutenir la croissance des fœtus, puis produire du lait. Une alimentation spécifique est donc indispensable.
Après une stérilisation, le métabolisme ralentit souvent et les besoins en apport calorique sont diminués d’environ 20 %. Il faut alors ajuster les rations ou opter pour des croquettes allégées, mais nutritivement équilibrées.
- L’activité physique
Un chien de travail ou pratiquant une activité sportive (agility, canicross, recherche, etc.) a besoin d’une alimentation plus dense en calories, avec un bon équilibre entre glucides complexes (énergie durable), protéines de qualité (muscles), et lipides (endurance). Des nutriments spécifiques peuvent aussi soutenir ses articulations mises à rude épreuve. - Les problèmes de santé
Certains troubles nécessitent une alimentation ciblée : en cas d’insuffisance rénale chronique, on réduit le phosphore et les protéines pour soulager les reins;
Les chiens allergiques peuvent bénéficier de régimes hypoallergéniques, souvent à base de protéines hydrolysées (des protéines décomposées pour ne plus déclencher de réaction immunitaire).
Des croquettes thérapeutiques existent aussi pour gérer les maladies digestives, urinaires, dermatologiques, ou articulaires. Toutefois, ces croquettes doivent être soumise à une prescription vétérinaire.
Comment réussir la transition alimentaire de votre chien ?
Un bon processus de transition alimentaire dure généralement entre 4 et 7 jours. Il consiste à introduire progressivement les nouvelles croquettes dans la ration quotidienne.
Suivre un protocole de transition alimentaire en 5 étapes
Voici un schéma classique à suivre :
- Jours 1 à 2 : 75 % anciennes croquettes, 25 % nouvelles.
- Jours 3 à 4 : 50 % anciennes, 50 % nouvelles.
- Jours 5 à 6 : 25 % anciennes, 75 % nouvelles.
- Jours 7 et suivants : 100 % nouvelles croquettes.
Remarque : il est préférable de bien mélanger les deux types de croquettes dans chaque repas, plutôt que de donner les anciennes croquettes le matin et les nouvelles le soir (ou l’inverse). Cela permet une transition digestive progressive à chaque repas, ce qui limite les troubles digestifs (diarrhée, flatulences, etc.).
Moduler la transition alimentaire selon les besoins individuels
La durée idéale de transition alimentaire varie ensuite selon la sensibilité de chaque chien. Certains tolèrent très bien un changement sur 4 ou 5 jours, surtout s’ils ont un système digestif robuste et sont déjà habitués à quelques variations alimentaires. Mais pour d’autres, plus sensibles ou au tempérament méfiant, il est préférable d’étaler la transition sur 10 à 14 jours, voire jusqu’à 3 semaines dans les cas les plus délicats.
Les chiens présentant des pathologies digestives (colite, maladie inflammatoire chronique de l’intestin, etc.) doivent ainsi bénéficier d’un protocole lent et très progressif. Il en va de même pour les chiens qui peuvent rechigner face à un aliment inconnu. Une transition plus longue leur laisse alors le temps d’accepter progressivement de nouvelles odeurs, textures et saveurs. L’objectif est double : préserver leur confort digestif, tout en favorisant une bonne acceptation du nouvel aliment !
Remarque : si votre chien continue de bouder ses croquettes, ne désespérez pas ! Vous pouvez essayer d’ajouter un peu d’eau tiède à son repas, ou un ingrédient (jus de viande, bouillon de poulet, fumet de poisson) pour lui donner envie d’y goûter.

Adopter les bonnes pratiques
Quelques gestes simples peuvent enfin faire toute la différence dans la réussite de la transition alimentaire pour votre chien.
- Gardez des horaires de repas réguliers. Le fait d’instaurer une routine alimentaire stable rassure votre chien et favorise une digestion optimale. Servez-lui donc son repas chaque jour aux mêmes heures, dans un contenant propre, et dans un endroit calme (sans le déranger) et familier.
- Ralentissez sur les friandises durant le temps de la transition alimentaire, afin de ne pas perturber davantage le système digestif de votre animal.
- Maintenez une hydratation suffisante. L’eau est essentielle pour faciliter la digestion, notamment lors de l’introduction d’une nouvelle alimentation. Veillez à ce que sa gamelle soit toujours remplie d’eau propre et fraîche.
- Surveillez la qualité de ses selles. Leur aspect vous donne de précieux indices sur la manière dont il tolère le changement. Des selles bien formées, régulières et sans odeur excessive sont généralement signe d’une bonne adaptation.
- Évitez les périodes de stress pour commencer la transition. Un déménagement ou un voyage sont par exemple des moments propices à l’anxiété. Attendez que le chien soit dans un environnement stable !
- Optimisez le stockage des croquettes (anciennes et nouvelles), en privilégiant un format de paquet adapté à votre rythme de consommation. Évitez de transférer les croquettes dans un autre contenant. Ce dernier a, généralement, été spécialement conçu par le fabricant pour conserver de façon optimale les croquettes. Pensez aussi à refermer soigneusement le sac d’origine après chaque utilisation, en chassant l’air au maximum pour limiter l’oxydation.
Quels sont les signes d’une mauvaise transition de croquettes ?
Pendant toute la durée de la transition alimentaire, il est essentiel d’observer attentivement votre chien. Même si le changement est progressif, certains signes peuvent indiquer que son organisme a du mal à s’adapter à la nouvelle formule : ces derniers ne doivent pas être pris à la légère. Soyez particulièrement attentif si vous constatez :
- Des selles molles ou liquides qui persistent au-delà de 2 ou 3 jours.
- Des vomissements répétés, même de faible intensité.
- Une perte d’appétit, une léthargie ou une baisse d’énergie inhabituelle.
- Des démangeaisons, des rougeurs, des lésions cutanées pouvant révéler une réaction allergique.
Ces symptômes, surtout s’ils s’installent ou s’aggravent, justifient une consultation vétérinaire rapide. Mieux vaut agir tôt pour éviter toute complication et adapter le régime alimentaire avec l’aide d’un professionnel.
Mon chien doit-il changer de croquettes ?
Vous l’aurez compris, le fait de changer l’alimentation de votre chien n’est pas une démarche à entreprendre à la légère. Une stabilité nutritionnelle est généralement bénéfique pour l’équilibre digestif et le bien-être global de l’animal. Mais attention : si celui-ci se porte bien, qu’il a un poids stable, des selles moulées, un poil brillant, peu de gaz et une bonne vitalité, il est inutile de modifier sa ration sans raison.
Les moments clés de la vie pour changer
Certaines situations justifient pleinement une transition alimentaire, dans l’intérêt de la santé globale de votre compagnon. Néanmoins, tout changement doit être discuté au préalable avec votre vétérinaire.
- Un changement de stade de vie. Selon l’âge de votre animal, ses besoins nutritionnels évoluent.
- Une maladie. Si votre chien présente un problème de santé (troubles urinaires, insuffisance rénale, diabète, surpoids, etc.), votre vétérinaire peut vous recommander une alimentation thérapeutique, spécialement formulée pour accompagner son traitement. Le changement de croquettes s’inscrit, ici, dans une prise en charge globale.
- Une allergie ou une intolérance alimentaire. Certains chiens développent des réactions à un ingrédient spécifique (protéine, céréale, additif, etc.), qui se traduisent par des troubles digestifs chroniques ou des démangeaisons. Une alimentation hypoallergénique peut alors être indiquée.
- Une recherche d’une meilleure qualité nutritionnelle. Il arrive que les croquettes utilisées ne soient plus satisfaisantes en termes de composition (trop riches, trop pauvres, trop transformées). Optez pour une formule premium, avec des ingrédients de meilleure qualité afin d’améliorer la santé et la vitalité de votre chien sur le long terme.

Bien choisir les nouvelles croquettes
Face à la multitude de marques et de formules disponibles sur le marché, il est essentiel de garder un œil critique sur les étiquettes.
- Pas de croquettes universelles. Il n’existe pas de consensus scientifique sur le choix des “meilleures croquettes pour chien”. Les besoins varient selon l’état physiologique, l’âge, la race et le mode de vie de l’animal.
- Bien tolérées par le système digestif de votre chien. C’est LE meilleur moyen de savoir si des croquettes conviennent à votre animal. Des selles molles ou sèches, des flatulences indiquent que son alimentation ne lui convient pas. En revanche, des selles bien moulées, peu odorantes, indiquent qu’elles sont bien digérées par votre chien.
- Riches en protéines animales de qualité (à la hauteur d’environ 25-30%), idéalement issues d’ingrédients clairement identifiés (ex. : poulet, agneau, saumon). Les formules vagues comme “viandes et sous-produits animaux” sans aucune précision sont à éviter.
Néanmoins, certains chiens (seniors sédentaires, chiens souffrants de pathologies rénales, etc.) pourraient nécessiter un taux de protéines inférieur à 30 %, sans pour autant perdre en qualité nutritionnelle. C’est pourquoi une consultation vétérinaire ou nutritionniste est souvent nécessaire. - Équilibrées en acides gras essentiels, fibres, vitamines et minéraux, pour couvrir tous les besoins nutritionnels.
- Sans additifs superflus, tels que colorants, arômes artificiels, exhausteurs de goût ou conservateurs chimiques. Toutefois, tous les additifs ne sont pas à bannir : certains conservateurs sont nécessaires pour la stabilité du produit, à condition qu’ils soient sûrs et bien identifiés.
En cas de doute, n’hésitez pas à consulter un vétérinaire ou un spécialiste en nutrition canine. Gardez en tête qu’il n’existe pas de croquettes “universelles” : la meilleure alimentation sera celle qui convient vraiment à votre chien à ce moment précis de sa vie !
Changer les croquettes de votre chien représente donc une démarche importante, qui mérite réflexion, organisation et bienveillance. Mais rassurez-vous : avec une transition progressive, une bonne observation et beaucoup d’écoute, votre compagnon devrait vivre cette étape sans soucis.
