Pourquoi certaines races de chiens sont dites « dangereuses » ?

Quand on parle de « chiens dangereux », l’image d’un molosse aux crocs acérés surgit souvent dans l’esprit collectif. Pourtant, derrière cette expression se cachent de nombreuses idées reçues. Est-ce sa race qui le rend dangereux ou plutôt ses expériences de vie ? Aucune race n’est prédisposée à avoir un comportement agressif. Sans compter que, bien souvent, un chien envoie de nombreux signaux de stress avant de passer à l’étape ultime de la morsure. Des signaux parfois ignorés par les humains.

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« N’importe quel chien peut mordre ».

l’ANSES

Alors, quelles sont les races qui souffrent de cette mauvaise réputation et que renferme le terme de « chien dangereux », on vous explique ! 

Qu’est-ce qu’un chien dangereux ? 

D’après le ministère de l’Agriculture, un chien dangereux se définit, comme « un chien susceptible de représenter un danger, aussi bien pour les personnes que pour les animaux domestiques. »..

Cette définition est large et ne précise pas de race. Cependant, la loi classe certaines morphologies de chiens sous forme de 2 catégories afin d’encadrer la détention de ces animaux. Des catégories remises en question depuis un certain nombre d’années.

Les chiens catégorisés, des races vraiment dangereuses ?

En France, depuis le 1er janvier 2010, certains chiens sont soumis à une législation limitant leur reproduction ainsi que leurs déplacements dans l’espace public.

Les chiens concernés par la catégorisation

La loi classe certains chiens en 2 catégories :

  • Catégorie 1 : les chiens dits « d’attaque ». Ils ne sont pas inscrits au Livre des Origines Françaises(LOF)  et ressemblent à des chiens de races staffordshire terrier (pitbulls), mastiff (boerbull) et tosa inu. La détention de ces chiens est soumise à des restrictions strictes, notamment la stérilisation obligatoire, l’interdiction dans les lieux publics, le port d’une muselière et l’interdiction d’acquisition, de cession et d’importation.
  • Catégorie 2 : les chiens dits « de garde et de défense », inscrits au LOF comme le staffordshire terrier, le rottweiler et le tosa. Leur détention est autorisée sous certaines conditions, telles que l’obtention d’un permis de détention, une évaluation comportementale et le respect de mesures de sécurité spécifiques (ex. : port d’une muselière).

Les contraintes administratives

Pour ces 2 catégories, les obligations administratives sont relativement lourdes. Le propriétaire de l’animal doit :

  • Posséder un permis de détention (obtenu après une déclaration en Mairie).
  • Suivre une formation de 7 h auprès d’un formateur agréé afin d’obtenir une attestation d’aptitude.
  • Faire subir une évaluation comportementale à son chien pour évaluer le niveau de dangerosité de l’animal (niveau 1 à 4).

Des cas de morsures graves et de combats de chiens ont mené à la mise en place de cette réglementation. Néanmoins, celle-ci est désormais remise en question, notamment par les associations de protection animale. En effet, les études scientifiques n’arrivent pas à s’accorder sur des races plus dangereuses que d’autres. La race ou le type racial ne peut donc pas être considéré comme un élément déterminant dans le risque de morsure. Le style de vie de l’animal, le mode d’éducation ainsi que les expériences de vie ont un impact déterminant dans le passage à l’acte. Comme le rappelle l’ANSES : « n’importe quel chien peut mordre ».

Malheureusement, la mauvaise réputation et les contraintes administratives compliquent l’adoption de chiens catégorisés, nombreux dans les refuges. 

Quels critères définissent un chien dit « dangereux » ?

Lorsque l’on parle de chiens dits « dangereux », il est essentiel de comprendre que cette catégorisation repose sur plusieurs critères, notamment :

  • La puissance physique : certaines races possèdent une musculature développée et une mâchoire puissante, ce qui peut rendre leurs morsures plus graves en cas d’incident.
  • L’instinct de protection : des races ont été sélectionnées pour leur capacité à protéger leur territoire ou leur famille, ce qui peut les rendre méfiantes envers les inconnus.

L’historique d’agressivité : des chiens qui ont déjà mordu et dont la cause n’a pas été identifiée et pour qui aucune solution adaptée n’a été mise en place.

Ces caractéristiques ne rendent pas un chien foncièrement dangereux. Avec une éducation bienveillante, une bonne socialisation dès le plus jeune âge et un quotidien adapté à leurs besoins, tous les chiens peuvent se révéler être de fantastiques compagnons.

10 races qui souffrent d’une mauvaise réputation de chiens dangereux

Certaines races portent à tort l’étiquette de « chien dangereux ». Et pourtant, ce ne sont ni les plus mordeurs ni les plus ingérables. Ce sont souvent des chiens puissants, impressionnants, protecteurs, qui, s’ils sont mal socialisés ou entre de mauvaises mains, peuvent devenir compliqués à gérer. Mais avec un humain bienveillant et responsable, ces chiens sont de véritables crèmes.

1. American Pit Bull Terrier

Photo d'un pitbull assis

Non reconnu par la société centrale canine (SCC) en France, le pitbull est classé en catégorie 1. Il fait peur par son nom, son allure musclée et son passé de chien de combat. Pourtant, bien éduqué, c’est un chien intelligent et un adorable chien de compagnie. Les interdictions qui pèsent sur lui (stérilisation, acquisition, vente, importation) en font un cas très particulier, souvent mal compris.

2. Rottweiler

Photo d'un rottweiler couché

Un gabarit massif, une mâchoire puissante, un regard franc : le rottweiler est souvent perçu comme intimidant. Classé en catégorie 2, il est pourtant calme, protecteur, affectueux et très équilibré s’il est bien encadré. Comme tous les chiens, il a besoin d’un humain présent qui lui donne un cadre fixe et adapté à ses besoins.

3. Tosa Inu

Ce grand molosse japonais, également en catégorie 2 (ou 1 s’il n’est pas LOF), est très rare en France. D’un naturel imposant, il peut être impressionnant, mais ne cherche pas la confrontation. 

4. Dogue Argentin

Photo d'un dogue argentin assis

Puissant chasseur de pumas à l’origine, le dogue argentin est un chien musclé et énergique. Il n’est pas catégorisé en France, mais est souvent perçu comme « dangereux ». Pourtant, c’est un chien intelligent et s’il est bien socialisé, il s’avère être le parfait chien de famille. Une activité physique soutenue lui permet de dépenser son énergie. 

5. Fila Brasileiro

Chien de garde brésilien par excellence, le fila est souvent très méfiant envers les inconnus. Un fila brasileiro inscrit au LOF, il n’est pas catégorisé. À l’inverse, s’il n’est pas inscrit au LOF, il est classé en catégorie 1, car il est assimilé au mastiff.

6. American staffordshire terrier (amstaff)

Photo d'un american staffordshire terrier assis avec les oreilles relevées

Cousin du pitbull mais reconnu LOF, l’amstaff est classé en catégorie 2. Il est souvent stigmatisé, alors que c’est un chien joueur, stable, et un fantastique compagnon pour les familles. Il nécessite (généralement) une socialisation intense avec ses congénères.

7. Boerboel

Chien sud-africain de garde, le boerboel est imposant et sûr de lui. Très peu connu en France, il peut impressionner par son gabarit, mais est souvent très calme, posé. Son instinct de protection en fait un excellent gardien, mais une socialisation intense s’impose aussi.

8. Presa Canario

Ce molosse espagnol est souvent confondu avec le dogue canario. Protecteur, il peut être distant avec les inconnus, ce qui renforce sa réputation. Mais c’est un chien stable, très attaché à sa famille, à condition d’être bien équilibré dès son plus jeune âge.

9. Cane Corso

Photo d'un cane corso noir assis gueule ouverte

Ce magnifique chien italien est de plus en plus populaire. Musclé, vigilant, imposant, le cane corso attire les regards, et parfois les peurs. Pourtant, c’est un chien calme, très affectueux et très intelligent. Il ne fait pas partie des chiens catégorisés en France.

10. Doberman

Photo d'un doberman assis fièrement avec les oreilles tombantes

Souvent représenté dans les films comme « le chien de garde par excellence », le doberman a longtemps souffert d’une image négative. Aujourd’hui, on redécouvre qu’il est élégant, affectueux et qu’il peut être un excellent chien de famille.

Pourquoi un chien n’est-il pas “méchant” par nature ?

Un chien ne naît pas « gentil » ou « méchant ». Comme pour les humains, son comportement est le fruit d’un mélange entre son tempérament inné et son environnement. Ce que la science comportementale canine confirme aujourd’hui, c’est que la socialisation, l’expérience de vie et l’éducation sont les facteurs les plus déterminants dans le développement d’un comportement agressif ou équilibré.

Un chien type husky se fait caresser la tête et ferme les yeux de plaisir

Par ailleurs, l’agressivité n’est pas un trait de personnalité. C’est plutôt un état émotionnel passager, au même titre que la colère. Une personne peut être en colère dans certaines circonstances. Ça ne fait pas d’elle une personne méchante et dangereuse pour autant !

La socialisation d’un chiot passe par la rencontre avec des humains bienveillants, un contact régulier avec des congénères bien dans leurs pattes et la familiarisation à différents stimuli (bruits, enfants, manipulations). Habitué à ces situations variées, l’animal aura bien moins de risques de développer des réactions agressives au cours de sa vie.

À l’inverse, un chien isolé, maltraité, mal éduqué ou mal compris peut devenir craintif ou dangereux, quelle que soit sa race.

Comment savoir si un chien s’apprête à mordre ?

Une morsure n’est jamais un caprice. C’est un signal ultime, un message envoyé par le chien quand tous les autres signaux ont été ignorés. Car, en général, avant de mordre, un chien prévient au travers de signaux indiquant qu’il est mal à l’aise, comme :

  • S’allonger.
  • Avoir le regard fixe.
  • Mettre les oreilles en arrière.
  • Lécher ses babines
  • Montrer les dents.
  • Grogner
  • Mordre dans le vide.

L’animal fait tout ce qu’il peut pour prévenir l’humain. 

Bien que tous les chiens n’aillent pas jusqu’à l’étape de la morsure, pour d’autres, la méconnaissance et l’ignorance de ces signaux les conduisent à franchir ce cap ultime. 

Par ailleurs, certains chiens, qui sont habituellement ignorés lorsqu‘ils émettent ces signaux (ex. : le petit chien qui ne fait peur à personne et que l’on n’arrête pas de caresser) vont finir par directement passer à l’étape de la morsure, sans prévenir.

Quelles sont les causes de morsure ?

Un chien peut mordre pour plusieurs raisons :

  • La peur : un chien acculé ou paniqué peut mordre pour fuir ou se défendre.
  • La douleur : un chien blessé, souffrant d’arthrose ou manipulé brusquement, peut réagir par défense.
  • Le stress ou l’anxiété chronique : un chien constamment stressé ou anxieux et qui ne se dépense pas suffisamment quotidiennement, peut développer des comportements impulsifs. 
  • L’instinct de protection : certains chiens défendent leur territoire, leur humain, leur gamelle. C’est un comportement naturel.
  • L’instinct de prédation : chez certaines races, très réactives aux mouvements (ex. : chiens de chasse, de troupeau), une course ou un cri peut déclencher une réaction inappropriée.
  • Un problème médical. Certaines affections neurologiques (ex. : tumeur au cerveau), hormonales ou métaboliques peuvent modifier le comportement d’un chien sans que cela soit immédiatement visible.

L’importance de la socialisation et de l’éducation

On ne le dira jamais assez : un chien, quel qu’il soit, est le reflet de son éducation. Dès ses premières semaines de vie, il a besoin d’être exposé à des environnements variés positifs, de rencontrer des humains bienveillants (de tous âges), des congénères bien dans leurs pattes, des enfants respectueux de l’animal, des bruits, des objets. C’est ce qu’on appelle la socialisation.

Trois chiens assis sur l'herbe qui regardent la même personne

Si toutes ces expériences se déroulent bien, alors l’animal peut se construire de manière équilibrée et stable. La rencontre avec une personne menaçante ou bien avec un chien qui grogne en permanence peuvent, en revanche, perturber le développement de l’animal et le rendre méfiant, voire craintif.

Mais la socialisation ne suffit pas. Il faut aussi une éducation cohérente et positive, sans violence ni punition, tout en posant des limites claires et adaptées aux besoins du chien. Qu’il fasse 3 ou 40 kilos, l’apprentissage du calme, du rappel, de la gestion de la frustration sont autant de bases indispensables pour vivre harmonieusement avec un chien.

Un american staffordshire bien socialisé sera souvent bien plus facile à vivre qu’un yorkshire mal éduqué et anxieux.

Responsabiliser les propriétaires avant de condamner une race

Derrière chaque « chien dangereux », il y a presque toujours un humain mal préparé, mal informé, ou négligent. Ce n’est pas la race qui fait le danger, mais l’humain qui oublie que vivre avec un chien demande du temps, des connaissances en éducation canine, de la patience, de la présence et parfois de l’aide.

Même si certains chiens ont une puissance physique telle qu’en cas d’accident, les conséquences peuvent être graves, ces races ne sont pas pour autant responsables de la plupart des morsures. Néanmoins, il est évident qu’au vu des dégâts qu’ils pourraient causer, ces chiens doivent être élevés par des humains soucieux du bien-être de leur animal et capables de leur fournir un environnement adapté aux besoins d’un chien.

Parce qu’un chien équilibré, quelle que soit sa race, n’a aucune raison de devenir dangereux.

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